Présidée par Mgr Gueguen, vicaire général du diocèse de Paris, la messe du dimanche 25 septembre à11 heures a été célébrée àSaint-Eustache afin de rendre grâce pour ce siècle de présence oratorienne.
En présence de François Picart, supérieur général de l’Oratoire, qui en assurait la prédication, d’Yves Trocheris, curé de Saint-Eustache et de nombreux prêtres de l’Oratoire, la messe d’action de grâce du 25 septembre marquait ce centenaire et rendait également hommage àtous les curés, membres de l’Oratoire, qui se sont succédé depuis un siècle àla tête de Saint-Eustache. Après un moment convivial, la journée s’est prolongée par trois conférences, qui ont permis de se remémorer l’histoire de l’Oratoire, grâce àl’historien et romancier Jean-Paul Desprat, le contexte historique du quartier des Halles dans les années 20, tout comme son évolution et son immense diversité, grâce àl’intervention de Michel Micheau, et le rôle de grandes figures oratoriennes liées àSaint-Eustache, grâce àJérôme Prigent, prêtre de l’Oratoire.
Retrouvez l’esprit de cette célébration grâce àl’éditorial du livret de messe, signé François Picart :
Quel anniversaire ?
Fêter un siècle de vie ou de présence dans un lieu présente le risque de faire visiter un musée dont les objets entreposés sont déconnectés de toute actualité, de toute signification… Il devient alors difficile d’explorer comment les récits, que l’on tire de cette histoire passée, peuvent être explorés comme autant de ressources pour habiter et nourrir dans la foi les questions de notre temps.
Devant le défi de « l’archipel français », repérable àbien des égards tant au plan sociétal, social, parisien, qu’ecclésial (la connaissance ou l’ignorance des chants des répertoires, selon « la chapelle » que l’on fréquente, en est un bon marqueur), il est heureux que la paroisse Saint-Eustache fasse le choix d’être un lieu de rassemblement des diversités qui caractérisent la société française aujourd’hui.
À travers l’hospitalité ainsi accordée àcause de l’Évangile et au nom d’une mission reçue de l’Église, la paroisse Saint-Eustache, rassemblée autour de son Seigneur mort et ressuscité, se présente comme une figure du Règne de justice et de paix prêché par Jésus de Nazareth.
Par-delàles bouleversements qui ont radicalement affecté notre société et le quartier des Halles au centre de Paris depuis 1922, comment ce choix rejoint-il celles et ceux qui de génération en génération se mobilisent pour participer àce rassemblement ? Les motivations sont elles-mêmes variées qui vont de la qualité des célébrations liturgiques, àl’écoute de la Parole dans l’ouverture aux questions du temps, àl’hospitalité accordée àcelles et ceux qui, vivant dans la rue ou dans des conditions éprouvantes, comptent sur la solidarité paroissiale et l’estime qu’elle leur prodigue, àla beauté vivante d’un bâtiment par lequel la médiation culturelle favorise et renouvelle un rassemblement qui déborde les frontières de l’Église elle-même.
Ces médiations d’un rassemblement qui nous dépasse sont autant d’étincelles qui font éclater la tentation illusoire d’un entre-soi identitaire qui nous protègerait de l’inconfort produit par les bouleversements que nous vivons. Liées ensemble plutôt que juxtaposées, elles sont autant de ressources puisées dans l’histoire de la paroisse, pour chercher ensemble comment le mystère de la foi peut continuer àfaire signe aujourd’hui dans nos existences malmenées.
Un tel choix n’est probablement pas complètement étranger àla marque de l’Oratoire, dont les prêtres sont, avec leur diversité, membres d’une communauté. Aujourd’hui, ce choix ne l’est sans doute pas non plus àla composition d’une équipe presbytérale dont les membres eux-mêmes sont reliés àdes traditions spirituelles et des statuts religieux différents : membres d’une société de vie apostolique (oratoriens, eudistes), d’une congrégation religieuse (dominicains) et du presbyterium du diocèse de Paris. Par-delàla pauvreté et la fragilité dont cette diversité est aussi le signe, elle atteste surtout la volonté de servir ensemble un mystère qui nous dépasse, celui du Verbe de Dieu qui s’étant risqué àvenir au monde en se faisant l’un de nous, continue de susciter un rassemblement par lequel son Évangile demeure une Parole de vie adressée àchacun, en particulier celles et ceux qui cherchent un chemin pour renaître àl’espérance.
François Picart, supérieur général de l’Oratoire