Jeudi 26 août a eu lieu àl’Ecole Saint-Erembert (Saint-Germain-en-Laye), la traditionnelle journée de pré-rentrée des cadres éducatifs du réseau oratorien, inscrite dans le processus de rapprochement entre les trois réseaux eudiste, lazariste et oratorien appelés àvivre une famille éducative au titre de l’Ecole Française de spiritualité, ouverte aux cadres éducatifs des 8 établissements scolaires concernés* et aux autres membres du personnel intéressés. Elle a pour objectif de réfléchir sur une question éducative, àla lumière des ressources puisées dans notre tradition éducative. Le thème de cette année était :
« Finalité et enjeux de l’accompagnement des personnes en contexte de crise ».
Pour aborder cette question, qui était remontée des établissements scolaires, alertant sur l’accroissement du mal-être des jeunes en raison de la crise sanitaire, le réseau avait invité le Professeur psychiatre Serge Tisseron. Dans son introduction àla journée, le père François Picart, supérieur général de L’Oratoire, a souligné le parallèle entre le XVIIe siècle de Bérulle et la situation que nous vivons : une époque troublée avec beaucoup de bouleversements, un monde qui s’effondre, un autre qui émerge, qui entraîna au XVIIe siècle, l’avènement du sujet et de sa liberté. Une nouvelle façon d’être qui, comme l’exprime Georges Vigarello dans son Histoire de la fatigue du Moyen Age ànos jours, parue en 2020, a créé une fatigue inédite, la « fatigue d’esprit », qui renvoie àla vie intérieure, àla prise de conscience qu’il faut sans cesse se recréer et que c’est usant face àtant de bouleversements. Dans ce contexte, méditer l’incarnation du Verbe de Dieu conduit Bérulle àscruter des chemins de vie ouverts par Jésus, àchercher quel souffle de vie l’animait au milieu des contingences corporelles, sociales, politiques, psychologiques, relationnelles, culturelles.
Aujourd’hui, la mission éducative est du même ordre : ouvrir des chemins de vie avec les jeunes scolarisés dans les établissements eudistes, lazaristes et oratoriens, en prenant en compte les bouleversements actuels.
Un chef d’établissement témoigne ainsi de l’apport de cette journée : « L’intervention, de grande qualité, nous a ouvert de nouvelles perspectives et un autre regard sur le point de vue de nos élèves. Nous avons entendu de précieux conseils sur la façon de les comprendre et la mise en avant de ce lien social si important pour eux qui leur permet de se construire. » Françoise Canal, déléguée de tutelle eudiste, rapporte ainsi les points principaux qui ont retenu son attention : « Le Professeur Serge Tisseron a commencé par évoquer quatre angoisses de mort qui découlent du contexte actuel : angoisse face àla mort physique, la mort sociale, la mort psychique et angoisse devant ce qui est présenté comme une fin du monde. Mais ce qui rejaillit face àtout cela, ce sont les attitudes d’intériorité, d’empathie, de « prendre soin » qu’il s’agit de développer ».
Selon d’autres participants interrogés : « Beaucoup de choses positives se dégagent de cette journée : le fait de se retrouver entre tutelles, et bien évidemment, le plaisir de se retrouver entre nous. Et aussi le temps d’échange où chef d’établissement du premier et du second degré se sont retrouvés ensemble pour partager. »
Et effectivement, même s’il reste des pas àfaire en matière de « travail ensemble », « d’échange de pratiques professionnelles », y compris parfois au sein d’une même tutelle, on perçoit bien que les membres de l’assemblée se re-connaissent, commencent àavoir une habitude de réfléchir et se nourrir ensemble. Voilàde quoi être optimiste en ce qui concerne la transmission de notre patrimoine spirituel.
Aude Bauguin, adjointe en pastorale au Bon Sauveur, chargée de mission auprès du supérieur provincial de la Congrégation de Jésus et de Marie (Eudiste)
* Eudistes : Saint Jean Hulst (Versailles), Saint Martin (Rennes), Le Bon Sauveur (Le Vésinet)
Oratoriens : Massillon (Paris), Saint Martin de France (Pontoise), Saint-Philippe Néri (Juan les Pins), Saint Erembert (Saint Germain en Laye)
Lazaristes : Lycée et Collège d’Ile-de-France (Villebon)