Des Oratoriens méditent la Bible – Luc Forestier (06.01.2016)
Psaume du mercredi 6 janvier 2016
Psaume du mercredi 6 janvier 2016
ÆDieu, donne au roi ton jugement, au fils de roi ta justice,
Qu’il rende àton peuple sentence juste et jugement àtes petits.
Les rois de Tarsis et des îles rendront tribut. Les rois de Saba et de Seba feront offrande ;
tous les rois se prosterneront devant lui, tous les païens le serviront.
Car il délivre le pauvre qui appelle et le petit qui est sans aide ;
compatissant au faible et au pauvre, il sauve l’âme des pauvres.
(Psaume 72 [71], extraits)
Comme leur Seigneur, et àsa suite, les chrétiens lisent les psaumes d’Israël, les méditent et en font leur prière. Par ces cris de joie ou de détresse, d’espérance ou de consolation, c’est l’Écriture elle-même qui permet aux juifs et aux chrétiens de trouver les mots pour s’adresser àDieu.
En lisant comme chrétiens cet extrait de psaume, quelques jours après la fête de la naissance de Jésus, suivie de sa circoncision, nous nous rappelons que ce dernier est juif et qu’il l’est toujours resté ! La contemplation de l’Enfant de Noël, qui sera condamné comme « roi des Juifs », nous place au coeur d’une articulation pertinente pour notre monde en transformation. En confessant Jésus-Christ comme Seigneur àl’intérieur de notre culture particulière, la foi chrétienne ne nous met ni d’un côté, ni de l’autre côté des multiples frontières, entre Israël et les nations, entre religion et politique, ou encore entre Église et société. Au contraire, nous sommes précisément placés sur une charnière, ce qui montre la pertinence du christianisme pour notre monde métissé. Et le psaume d’aujourd’hui nous rappelle cette position chrétienne d’une double manière.
Alors que le système des princes et des gouvernants est décevant, l’Ancien Testament est porteur de l’attente d’un authentique roi, qui ne se contentera pas de régner sur le peuple d’Israël, mais qui rayonnera jusqu’aux contrées les plus lointaines, attirant les rois étrangers, venus avec leurs trésors, comme les mages cherchant l’Enfant nouveau-né. Mais il ne faut pas se tromper, le « roi » qu’attend l’Écriture n’est pas enfermé dans les mondanités des cours et des entourages. Ce roi, placé au coeur de la vie internationale, est avant tout préoccupé par les personnes faibles, pauvres, petites. Et ce roi n’est pas seulement compatissant, mais il agit pour les délivrer d’une pauvreté qui les enferme.
Confesser Jésus de Nazareth comme Messie d’Israël ne revient pas seulement àse placer au carrefour des religions et des cultures, mais aussi au coeur des tensions entre puissants et faibles. La pertinence du christianisme n’est pas seulement religieuse, elle est tout autant politique. Et chanter les psaumes de David avec Jésus-Christ nous aide àlever les yeux vers son Père et vers nos frères, surtout s’ils nous semblent éloignés.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis