Les fruits ne sont à croquer qu’une fois mûrs… une foi mûre !!!
Françoise Zehnacker, de l’équipe rectorale de Saint-Bonaventure
Dans nos vies toutes livrées àla productivité, l’apparence, l’efficacité et la jeunesse, le vieillissement apparaît comme une épreuve où se mêlent d’innombrables angoisses liées à d’innombrables pertes : ralentissement des activités, affaiblissement progressif des capacités physiques et intellectuelles, perte de la mémoire, de la libido, des cheveux, perte de l’image valorisante de soi. Alors, comment vieillir ? Quelle lumière peut nous apporter la foi ? D’abord la confiance, l’abandon confiant àDieu. Cela signifie qu’ayant reçu la vie comme un don de Dieu, on accepte l’idée de la remettre entre ses mains : «Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, le lendemain se souciera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. » (Mt6, 34). Accepter donc tout ce qui peut survenir. « On ne peut changer que ce que l’on accepte » dit Jung . Considérer la vieillesse comme une opportunité et non comme une perte !
Ce que nous perdons en activités, nous le gagnons en vie intérieure. On fait le bilan, on relit les événements, les blessures, les joies reviennent àla surface mais elles sont envisagées différemment. Dans la tâche « d’ordonner sa vie » qui nous incombe, le pardon est certainement un élément important. Il nous faut beaucoup de temps et de patience envers nous-mêmes et envers les autres pour laisser mûrir le pardon. La vieillesse nous donne cette possibilité. La question du sens de la vie se pose aussi de façon plus aiguë et nous invite àfaire des choix. Ensuite transmettre : beaucoup de grands-parents gardent régulièrement leurs petits enfants et ils ne mesurent pas toujours l’importance de leur transmission.
« Ne t’écarte pas des récits des vieillards car eux-mêmes les ont appris de leurs pères. C’est auprès d’eux que tu apprendras àcomprendre et àavoir une réponse prête Lorsqu’il le faut. » ( Si 8,9)
Transmettre àl’heure actuelle n’est plus de cette nature. On transmet souvent moins un savoir qu’une
manière d’être, rester curieux, ouverts, intéressés par ce qui se passe dans le monde, dans notre pays, dans notre quartier, prendre le temps d’écouter, faire preuve d’indulgence et ne pas mépriser le rôle, aussi modeste qu’il soit, que nous avons àjouer auprès des plus jeunes. Si nous n’avons pas  de descendance, il existe aussi bien d’autres façons de transmettre, les associations de toutes sortes
(alphabétisation, aide au soutien scolaire, visites aux plus âgés, catéchèse, hôpitaux) sont autant de
possibilités qui nous sont offertes.
On peut aussi transmettre un sourire, une parole et un certain sens de la sérénité. Enfin conserver notre capacité àrire ou àsourire de nous-même pour associer àla gravité des corps la légèreté d’une liberté intérieure. Ainsi, le temps de la vieillesse se transforme en un temps propice àla gratitude, àla reconnaissance de tout ce que nous avons reçu, aux moments heureux que nous vivons encore, aux nouvelles rencontres qui jalonnent notre chemin et àla richesse de notre expérience de la fragilité.
Célébrer la vie, rendre Grâce àDieu et transmettre àtous cette confiance en la Vie qui nous habite.
Françoise Zehnacker, de l’équipe rectorale de Saint-BonaventureÂÂ