Des Oratoriens méditent la Bible – Luc Forestier (14.07.2016)
Première lecture du jeudi 14 juillet 2016
Première lecture du jeudi 14 juillet 2016
Le sentier du juste, c’est la droiture, tu aplanis la droite trace du juste. Oui, dans le sentier de tes jugements, nous t’attendions, Seigneur, àton nom et àta mémoire va le désir de l’âme.
Mon âme t’a désiré pendant la nuit, oui, au plus profond de moi, mon esprit te cherche, car lorsque tu rends tes jugements pour la terre, les habitants du monde apprennent la justice. […]
Seigneur, tu nous assures la paix, et même toutes nos œuvres, tu les accomplis pour nous. […]
Seigneur, dans la détresse ils t’ont cherché, ils se répandirent en prière car ton châtiment était sur eux.
Comme la femme enceinte àl’heure de l’enfantement souffre et crie dans ses douleurs, ainsi étions-nous devant ta face, Seigneur.
Nous avons conçu, nous avons souffert, mais c’était pour enfanter du vent : nous n’avons pas donné le salut àla terre, il ne naît pas d’habitants au monde.
Tes morts revivront, tes cadavres ressusciteront. Réveillez-vous et chantez, vous qui habitez la poussière, car ta rosée est une rosée lumineuse, et le pays va enfanter des ombres.
(Is 26, 7-9.12.16-19)
L’espérance prophétique est toujours exprimée au futur, dans l’attente du Jour du Seigneur, qui viendra corriger et accomplir toutes les aspirations et les réalisations humaines. C’est du profond de notre humanité commune qu’émerge un vif désir de justice et de paix. Loin d’être une religion de la méditation tranquille et protectrice, le christianisme nous met en posture d’attente, àla suite d’Israël, et creuse en nous un désir de liberté et de fraternité.
Ce beau désir d’être avec les autres, dans des relations purifiées et pacifiées, ne trouve pourtant que des réalisations partielles, même dans les élaborations les plus élevées ou dans les institutions les plus prestigieuses, fussent-elles religieuses ! De même, dans les couples les plus épanouis ou dans les amitiés les plus approfondies, il demeure heureusement une structurelle frustration qui ouvre l’avenir, et le rend désirable.
C’est encore plus vrai sur le plan politique, en ce jour où notre République célèbre en même temps la prise de la Bastille et la fête de la Fédération. Notre pays, cette terre qui nous a accueillis le jour de notre naissance ou plus tard, est traversé d’ombres épaisses, encombré de cadavres pourtant promis àla Vie nouvelle, peuplé de cris stridents ou étouffés. Au milieu des réalités politiques, toujours davantage menacées de n’enfanter que du vent, notre responsabilité de chrétiens se creuse et se déploie. Car nous sommes porteurs d’une promesse qui s’inscrit dans l’intimité de l’histoire humaine ! Citoyens et chrétiens, voilànotre vocation et notre mission : l’articulation entre ces deux appartenances se joue en ce 14 juillet, comme dans les échéances électorales qui se préparent.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis