Des Oratoriens méditent la Bible – Jean-Marie Martin (14.09.2016)
Première lecture du Mercredi 14 septembre 2016
Première lecture du Mercredi 14 septembre 2016
Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait àDieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’àla mort, et àla mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est SEIGNEUR, àla gloire de Dieu le Père.
(Philippiens 2, 6-11)
Parmi tous les arbres de l’immense parc de l’école Saint-Martin, je voudrais vous présenter celui au pied duquel j’aime me recueillir. C’est la croix, plantée làsous les feuillages. Elle représente pour moi l’Arbre de Vie. Tous les arbres sont dressés vers le ciel, ils se haussent vers la lumière, mais en même temps leurs racines s’enfoncent profondément dans le sol. Chacun d’entre nous se dresse lui aussi dans sa verticalité, et s’étire vers un zénith, vers ce qu’il nomme le Ciel, un ciel générateur d’interrogations, de confrontations, peut-être de conflits, tout autant qu’il est source de Mystère ; ce ciel, l’homme sent bien qu’il est fait pour lui, malgré toutes les amarres qui le retiennent, et les pesanteurs qui l’enlisent.
Et de la même façon que l’arbre trouve sa fondation dans le sol, l’homme possède des racines qui plongent au sein des multiples strates d’une humanité dans laquelle, et àtravers laquelle, il a germé, poussé, grandi ; contingence qu’il n’a pas choisie, il est porteur, porté par une hérédité, un atavisme, une éducation ; il est habité de croyances, d’incroyances, de passions ; il est malmené par les révoltes, les doutes, le mal, le péché, et c’est làque la Croix intervient.
J’aime àm’appuyer, me blottir, m’abandonner contre le bois de la croix, comme lové dans les blessures du Christ, venant puiser àcet Amour incommensurable, dans cette permanence, dans cette immanence de l’Amour, cet Amour originel, et je redis avec ferveur cette phrase de l’hymne aux Philippiens si cher aux Oratoriens : Pour que tout, au Nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est SEIGNEUR, àla gloire de Dieu le Père.
Sur ce bois, l’Amour de Dieu s’imprime, s’affirme, se confirme, l’Amour de Dieu se livre àtous et àchacun, àl’humanité entière, tous les hommes et les femmes de tous les temps, de toutes les idées et tendances, de toute condition de vie… tous contenus et maintenus dans cette verticalité et cette horizontalité, cet espace crucifié, cet espace crucifiant, et en même temps cet espace ressuscitant, et salvifique, avec le Christ. Làje découvre enfin ma vérité, je m’abandonne àma vérité, àma réalité, car j’y suis accueilli et aimé tel que je suis ; il n’y a pas de lieu où nous ne puissions oser être plus en vérité qu’au pied de la Croix.
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire àSaint-Eustache, Paris