Des Oratoriens méditent la Bible – Michel Quesnel (21.10.2016)
Première lecture du vendredi 21 octobre. Luc 12, 54-59
Première lecture du vendredi 21 octobre. Luc 12, 54-59
Jésus disait encore aux foules : « Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous dites que la pluie vient, et ainsi arrive-t-il. Et lorsque c’est le vent du midi qui souffle, vous dites qu’il va faire chaud, et c’est ce qui arrive. Hypocrites, vous savez discerner le visage de la terre et du ciel ; et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas ? Mais pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche, en chemin, d’en finir avec lui, de peur qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre àl’exécuteur, et que l’exécuteur ne te jette en prison. Je te le dis, tu ne sortiras pas de làque tu n’aies rendu même jusqu’au dernier sou. »
(Luc 12, 54-59)
Plusieurs de ces phrases prononcées par Jésus dans l’évangile de Luc sont bien connues ; elles sont adressées aux foules, et également retranscrites dans l’évangile de Matthieu. Jésus invite ses auditeurs – des paysans pour la plupart – àfaire preuve d’autant de discernement dans leur façon d’agir qu’ils en ont dans la prévision du temps. Les paysans sont des guetteurs ; ils scrutent le ciel pour prévoir au moins mal le temps qu’il fera, et organiser leurs travaux en conséquence.
Une de ces phrases, que l’on ne trouve que chez saint Luc, est cependant peu connue : « Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? » Cela va beaucoup plus loin que la prévision du temps qu’il fera. Jésus fait appel au discernement des personnes plutôt qu’àune loi composée de commandements simples et catégoriques auxquels il faudrait obéir. Pour aimer, il faut faire plus qu’obéir. Pour faire son devoir, il faut faire plus que ce qui se doit. Jésus estime que les personnes sont assez habitées par l’Esprit pour se donner àelles-mêmes les règles qui les feront agir. Et chaque situation est un cas d’espèce. Aucun principe ne rend compte de l’amour évangélique.
C’est exigeant, beaucoup plus que d’obéir. Et on ne sait jamais si on en fait assez. Mais la confiance que Jésus nous fait est notre noblesse. Quand Carmen chante que l’amour ne connait pas de lois, c’est pour pouvoir s’amouracher àsa guise. Quand Jésus proclame la même chose, c’est pour que nous aimions au-delàde tous les préceptes.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon