Des Oratoriens méditent la Bible – Paul Carpentier (12.12.2016)
Évangile du lundi 12 décembre 2016
Évangile du lundi 12 décembre 2016
En ce temps-là, Jésus était entré dans le Temple, et, pendant qu’il enseignait, les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui et lui demandèrent : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? »
Jésus leur répliqua : « A mon tour, je vais vous poser une question, une seule ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel ou des hommes ? »
Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : « Du ciel », il va nous dire : « Pourquoi donc n’avez-vous pas cru àsa parole ? » Si nous disons : « Des hommes », nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc àJésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit àson tour : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. »
(Matthieu 21,23-27)
Elle est toujours d’actualité cette question de l’autorité, au sein de la famille, de l’école et même de l’état. Certains aujourd’hui encore, dans leurs discours au moins, réclament avec force de la manifester ou de l’y rétablir au plus vite, accusant ceux qui sont sensés la détenir de faiblesse, d’incapacité, voire de trahison. Et ceux-ci naturellement s’en défendent en faisant appel au manque de moyens, àla dégradation des mÅ“urs, ou encore àl’imprévisible folie de quelques citoyens.
Comment tenir le juste milieu, dans l’exercice du pouvoir, entre l’autoritarisme qui peut conduire àl’oppression ou àla tyrannie, et la faiblesse ou la pusillanimité qui confinent àl’inertie ? Et n’y a-t-il pas des moments où l’autorité peut – et doit même – être contestée ?
Ce n’est pas leur autorité que Jésus conteste aux grands prêtres et aux anciens du peuple, venus l’interroger sur ce sujet, c’est leur duplicité et surtout leur prétention àimposer des lois aux petits et aux pauvres, au nom même de Dieu, sans eux-mêmes lever le petit doigt (Luc 11,46). Ce sont ceux-ci au contraire que Jésus attire àlui, sans doute grâce àson charisme, un véritable don de guérison, mais surtout par sa très grande attention àleur situation et àleur souffrance, sans pour autant se les accaparer àla manière d’un gourou. Dans tout l’Evangile il manifeste son autorité autant dans sa prédication du Royaume que dans son pouvoir de remettre les péchés, au grand dam des autorités officielles. Mais il ne s’est pas attribué cette autorité, il l’a reçue de son Père, le seul qui a l’autorité suprême, le Seigneur tout puissant, et elle lui a été donnée pour toujours au ciel et sur la terre (Matthieu 28,18). C’est parce qu’il l’a exercée dans un esprit de service et de partage, jusqu’àl’abandon de sa propre vie, que « tout genou fléchira devant lui, au ciel, sur la terre et dans les enfers » (Philippiens 2,5-11).
Alors, si nous-mêmes nous avons reçu une quelconque autorité, en raison d’une élection ou de nos compétences, efforçons-nous de l’exercer avec sagesse et douceur, sans oublier que pour suivre le Christ il nous faudra sûrement, àun moment ou un autre, accepter de prendre nous aussi notre croix.
                                                        Paul Carpentier, prêtre de l’Oratoire àSaint-Ferréol, Marseille