Mes réflexions et propositions s’adressent bien sûr aux responsables hiérarchiques de l’Église catholique – en premier lieu au pape François qui exprime son souhait de reÂÂcueillir l’avis des fidèles-, mais aussi àtous ceux qui s’y sentent responsables. Je les dois àtous ceux que, depuis 40 ans, j’ai accueillis pour préparer un baptême ou que j’ai accompagnés lors de la perte d’un proche. Je pense en particulier àceux qui s’éloignent d’une Église avec laquelle ils ont cheminé un moment, les autres qui n’y trouvent pas accueil et compréhension et aussi ceux, tellement nombreux, pour lesquels le message évangélique n’est plus audible:
- Vous qui avez cru … autrefois; et qui, au nom de cette foi, vous êtes engagés àEmmaüs, au Secours catholique, àMédecins sans frontières […], et qui, ici, ou ailleurs, participez àdes combats pour un monde plus juste et plus fraternel ;
- Vous qui avez été bouleversés par le message évangélique et qui ne l’avez pas retrouvé dans les paroles et les actes des croyants;
- Vous qui « décrochez » faute de trouver une paroisse qui parle encore une langue que vous (et vos enfants) puissent entendre… et comprendre;
- Vous qui êtes passés par des écoles de curés et de bonnes sÅ“urs (qui n’avez pas tous été violés que je sache ; qui n’avez pas non plus tous été traînés au petit matin dans des chapelles glaciales) et qui vous rappelez encore que vos éducateurs croyaient en vous plus que vous n’y croyiez vous-mêmes et qu’ils vous répétaient qu’il n’y a pas de bonheur autrement que partagé ;
- Vous qui confiez aujourd’hui votre enfant àl’Enseignement catholique, non pour le mettre dans une réserve d’excellence, mais parce que vous pensez que, là, ses difficultés seront mieux comprises et que, là, on lui apprendra àmieux comprendre les difficultés des autres;
- Vous qui, àTélérama et ailleurs, aviez salué l’audace de l’Office catholique du cinéma donnant en 1968 son prix à« Théorème » de Pasolini et vous tous les artistes encore inspirés par un Dieu qui prend le risque de la rencontre avec l’homme;
- Vous qui n’avez pu choisir ce que vous êtes, ou qui avez raté une étape majeure de vos choix de vie et qui, pour autant, auriez aimé demeurer membres de l’Église àpart entière; ou qui, pire, ne pouvez pas être baptisés pour n’avoir pas vécu en chrétiens, avant même que vous ayez eu l’envie de l’être ;
- Vous qui, sans vraiment y croire, mais en y croyant quand même un peu, osez, un jour de grande détresse, allumer une bougie dans l’anonymat d’une église ;
- Vous les incroyants et agnostiques de tous poils qui, autrefois, interpelliez notre incapacité àmettre en pratique les valeurs dont nous nous réclamons…