En ce temps-là, Jésus disait encore dans son enseignement : « Gardez-vous des scribes qui se plaisent àcirculer en longues robes, àrecevoir les salutations sur les places publiques, àoccuper les premiers sièges dans les synagogues et les premiers divans dans les festins, qui dévorent les biens des veuves, et affectent de faire de longues prières. Ils subiront, ceux-là, une condamnation plus sévère. »
S’étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre de la petite monnaie dans le Trésor, et beaucoup de riches en mettaient abondamment. Survint une veuve pauvre qui y mit deux piécettes, soit un quart d’as. Alors il appela àlui ses disciples et leur dit : « En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Saint Marc, 12, 28-34
Méditation
Quel écart entre ces 2 petites pièces et les grosses sommes déposées dans la salle du Trésor, sous le regard de Jésus ! Quel contraste aussi entre la discrétion de cette pauvre veuve et la démonstration prétentieuse des scribes sur les places publiques, dans les synagogues et les dîners !… Et en plus, ce sont eux qui dévorent les biens des veuves comme elle !
Les temps ont-ils vraiment changé ? Les derniers chiffres sont éloquents : l’écart entre les ultra-riches et les pauvres ne cessent d’augmenter, et pas seulement en France où 14 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté.
Réduire les inégalités et la pauvreté – impôts, ISF, CSG, TVA, chômage et migrants – tout cela est bien au programme du nouveau Président et de son gouvernement.
À plus petite échelle la question se pose aussi aux responsables des finances paroissiales devant le grand nombre des petites pièces jaunes dans le comptage des quêtes dominicales et les quelques billets qui heureusement équilibreront peut-être le budget.
Aujourd’hui tout se paie, tout s’achète, et l’argent s’impose comme la vraie loi des relations humaines, quelque fois même àl’intérieur de l’Eglise où il arrive encore que l’amour de Dieu soit monnayé… Or c’est tout le contraire de la grâce qui prône la gratuité, le don, le partage.
Ne soyons pas naïfs quand même : il faut bien « gagner sa vie ». Mais selon l’Évangile, il faudra toujours choisir entre les deux maîtres àservir : ou bien celui qui vous séduit mais peut vous conduire àl’esclavage, ou bien celui qui appelle àl’amour fraternel ; entre la consommation qui ne cesse d’accumuler et le partage qui ouvre àla véritable fraternité. Choix évidemment toujours difficile mais possible sans doute avec l’aide de l’Esprit Saint.
« Làoù est ton trésor, làaussi sera ton cÅ“ur » dit Jésus. N’est-ce pas au plus profond de nous que se trouve la vraie valeur ajoutée ?
Paul Carpentier, prêtre de l’Oratoire