Ces propos de l’Apôtre à son disciple Timothée ont une résonnance particulière après le passage de l’ouragan Irma sur Saint-Barthélemy et Saint-Martin, deux Antilles françaises très durement et durablement éprouvées. Les pouvoirs publics français ont été mis en cause, accusés d’avoir mal anticipé le cataclysme. La visite du Président de la République sur les lieux, le mardi 12 et le mercredi 13 septembre, a apporté des remèdes, mais elle n’a pas forcément calmé les esprits.

Savoir si les dépositaires de l’autorité ont fait ou non le nécessaire nécessite des analyses qui ne sont pas l’objet de cette méditation. Mais il est bon de souligner la conviction de Paul, qui a lui-même souffert des responsables politiques de son temps, qui a plusieurs fois connu la prison à cause de sa prédication de l’Evangile, et qui demande de prier pour les pouvoirs publics. Les confier à Dieu ainsi que les peuples qu’ils gouvernent, c’est aussi servir la paix pour tous.

Le Dieu unique « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». Tous les hommes : pas seulement les chrétiens, mais aussi les bouddhistes, les fétichistes et les personnes sans religion, y compris celles qui combattent tout ce qui touche au religieux et au spirituel. Cela implique entre les humains un type de relation que nous honorons rarement et que notre environnement ne favorise guère : le primat de l’économique, le souci de l’efficacité, la défense crispée des avantages acquis, la protection contre l’étranger qui envahit mon territoire, tout cela n’a guère de rapport avec le vœu de Paul que tous puissent mener « une vie calme et paisible, en toute piété et dignité ». Avant d’aller mettre un bulletin dans une urne, prions-nous ? Après avoir regardé le journal télévisé, prions-nous ? Que Dieu nous aide à mettre de l’âme dans nos gestes civiques.

Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon