Signes des temps, la vitalité d’une collection
« René Déjardin. Prêtre et ouvrier àla CGT », tout juste paru, est le 56e titre publié dans la collection fondée par le Père Dumont, prêtre de l’Oratoire.
La collection Signes des temps, créé par le père Oratorien Robert Dumont, veut consigner des témoignages d’acteurs du mouvement missionnaire qui s’est déclenché et développé pendant ou après la seconde Guerre mondiale (les prêtres-ouvriers, les chercheurs et les passeurs dans plusieurs domaines : théologiens, liturgistes, exégètes, scientifiques de diverses disciplines en différents lieux…). Signe des temps a été lancée au début des années 2000, dans une première urgence afin, que le sillon creusé par les prêtres-ouvriers ne soit pas passé en pertes et profits par une Église mobilisée par la gestion du quotidien d’hier et aussi d’aujourd’hui… Ce sont ainsi une douzaine de titres qui furent publiés, en grande partie rédigés par des prêtres-ouvriers eux-mêmes, quelques-uns reprenant dans une lecture transversale ces témoignages d’hommes de terrain en une analyse qui tentait d’en souligner le sens.
Par-là, l’importance de ce projet éditorial était double : d’une part, donner de la visibilité àdes titres que la dispersion chez de nombreux petits éditeurs provinciaux laisse hélas disparaître àpeine imprimés tandis que nombre d’entre eux auraient mérité d’être connus plus largement ; d’autre part mettre en miroir réfléchissant la lumière des témoignages grâce àdes reprises plus systématiques dans des études de fond et, réciproquement, enraciner, fonder la véracité de celles-ci dans le terreau du vécu des hommes.
Ensuite, en plus d’autres ouvrages qui sont venus en partie par des universitaires, la collection « Signes des Temps » s’est ouverte àun autre secteur de la tentative d’ouverture de l’Église au monde présent, mais qui n’a pas eu beaucoup plus de reconnaissance par l’Institution malgré les deux coups d’envoi par Pie XII avec l’encyclique Fidei donum (1957) et la lettre de Jean XXIII au cardinal Liénart (1961). Dans le même esprit que celui du cardinal Suhard fondant la Mission de France en 1941, le projet de ces deux papes n’était pas uniquement que les Églises du Nord riches en prêtres en délèguent un certain nombre pour se mettre au service des Églises du Sud − celles d’Afrique avec Pie XII, puis celles d’Amérique latine, avec Jean XXIII −, mais aussi, en choc en retour, faire bénéficier les Églises d’envoi de l’expérience de ces autres lieux afin qu’elles s’ouvrent plus facilement àun universalisme concret. Or, au dire des prêtres qui ont répondu àcet appel − mais aussi des religieuses et des laïcs  − cet accueil en retour de « cet ailleurs » n’a pas été évident. C’est pourquoi la collection « Signes de Temps » tente aussi de publier des livres qui témoignent de cette richesse nous venant d’Amérique latine.