Satan tombe ! Dès que ce nom commun apparaît, (le texte grec dit « le » Satan) les esprits s’échauffent ! Les livres publiés abordant les questions de démonologie, d’exorcisme ne manquent pas, sans parler de certains sites internet se gargarisant de ces thèmes : ils sidèrent les esprits, au risque de les égarer dans un dédale de suggestions qui emprisonnent plus qu’elles ne libèrent. Or les Écritures sont sobres sur ce sujet, et au cœur de celles-ci la parole de Jésus dans l’annonce de l’Évangile. Si les disciples, de retour de mission, ont eu comme un enivrement au regard des résultats, Jésus, tout en ne cachant pas sa joie, déplace leur enthousiasme. Ce qui est important, ce n’est pas la soumission de qui que ce soit, mais que ses disciples, messagers de sa parole, aient été accueillis par des moyens si simples, si désarmants. Qu’ils aient pu rencontrer des frères en humanité et se parler à cause du Royaume.  Jésus, comme dépositaire de la révélation de Dieu, ne veut rejoindre les hommes qu’en obéissant aux lois de l’incarnation. Il ne veut soumettre personne, mais être reconnu comme un frère. Quand nous acceptons de nous laisser toucher, surprendre par l’humanité du Christ, et de vivre avec lui une vraie rencontre, que nous l’écoutons et que nous l’accueillons, les esprits de division ne se résorbent-ils pas ? Le Satan masquant le visage de Dieu, tombe. La Révélation de Dieu comme Père bien aimé, grandit sur ce terreau de la confiance, où nous nous laissons désarmer de tout esprit de peur et de défiance, où nous naissons à ce qui n’appartient qu’au Fils, à cette humanité pleine de grâce et de vérité, celle des « tout-petits » selon l’Evangile.

Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire à Paris