J’aime l’église Saint-Eustache. Directeur des Affaires culturelles de la Ville de Paris, dans les années 1990 du siècle dernier, je ne pouvais qu’être fier d’être responsable du patrimoine extraordinaire de cette église, son patrimoine architectural, son patrimoine artistique, son patrimoine organistique. Plus tard, Président du Centre Pompidou, j’ai été heureux de savoir que, de l’autre côté du boulevard Sébastopol, cette magnifique église était également pour le Centre un généreux partenaire dans la grande aventure de la diffusion de l’art de notre temps. C’était le Père Gérard Bénéteau qui était alors le curé de cette paroisse. Il avait su, avec justesse, y mettre en œuvre quelques-unes des plus belles invitations d’artistes qu’il m’ait été donné de voir. Je pense, notamment, àl’installation commandée àChristian Boltanski pour la semaine sainte de 1994. C’est également avec le Père Bénéteau que nous procédâmes, alors, àl’installation, dans une chapelle latérale, du triptyque de Keith Haring en mémoire des victimes du SIDA. C’est ainsi que j’ai toujours considéré que cette église était, dans le paysage parisien, une église « àpart », témoin vivant de la grande tradition intellectuelle et artistique de l’Oratoire de France, la paroisse Saint-Eustache étant, depuis longtemps déjà, confiée àdes prêtres de cette congrégation qui, en 2011, célébrait son 400ème anniversaire.
Ces souvenirs et quelques autres me font tout particulièrement apprécier l’enthousiasme avec lequel le Père George Nicholson a accepté, qu’àl’occasion de Nuit Blanche de 2017, le futur musée de la Bourse de Commerce qui accueillera, àpartir de 2019, la collection de François Pinault, trouve une résidence éphémère dans son église. C’est ainsi que deux œuvres, Uomoduomo d’Anri Sala et Please (LC) de Lutz Bacher, seront présentées dans le noble édifice qui ouvrira ses portes dans la nuit du samedi 7 octobre. Dans le même temps, une autre œuvre, English Magic de Jeremy Deller, sera présentée dans le jardin Nelson Mandela, devant le chantier de la Bourse de Commerce.
La directrice artistique de Nuit Blanche 2017, Charlotte Laubard, a choisi comme thème de la manifestation « Faire œuvre commune ». En engageant cette première collaboration avec la paroisse Saint-Eustache, c’est bien àune œuvre commune que prend part la Collection Pinault et tous ceux qui ont la charge de la création de son nouveau musée parisien, en tout premier lieu, François Pinault lui-même, mais aussi Martin Bethenod, directeur du futur musée et tous ses collaborateurs, ainsi que Caroline Bourgeois, conservatrice auprès de la Collection Pinault qui a eu la responsabilité de choisir les œuvres.
Que l’on me permette de dire que leur enthousiasme est le mien et que, toujours, je serai disponible pour faire Å“uvre commune avec les femmes et les hommes de bonne volonté, tout en sachant que « si l’Eternel ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent ». (Ps 127.1-2)
Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre