Des Oratoriens méditent la Bible. Jean-Marie-Martin (18.10.2017)
Évangile du mercredi 18 octobre
Saint Luc évangéliste
Évangile du mercredi 18 octobre
Saint Luc évangéliste
Après cela, le Seigneur désigna soixante-douze autres disciples et les envoya deux par deux en avant de lui dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller. Et il leur disait :
« La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers àsa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu de loups. N’emportez pas de bourse, pas de besace, pas de sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : « Paix àcette maison ! » Et s’il y a làun fils de paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle vous reviendra. Demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant ce qu’il y aura chez eux ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en toute ville où vous entrez et où l’on vous accueille, mangez ce qu’on vous sert ; guérissez ses malades et dites aux gens : « Le Royaume de Dieu est tout proche de vous. »
Luc 10, 1-9
Ni bourse, ni besace, ni sandales ! Ce dénuement demandé au missionnaire, on en trouve l’explication quelques phrases plus loin, quand Jésus leur enseigne comment s’abandonner àla générosité des autochtones : tout attendre de ceux qui reçoivent les disciples. Ce que portent ceux-ci, c’est la Paix du Christ – que ne peuvent contenir aucune bourse ni besace –, c’est leur cadeau d’accueil, présent inégalable pour qui les reçoit.
Et pour faciliter cet abandon, il leur faut braver le vertige de la dépossession, et partir sans rien, pas de bourse, donc sans argent, avec pour seule richesse le Trésor du Royaume àpartager avec ceux qu’ils vont rencontrer ; pas de besace, avec pour seul moyen de subsistance la Nourriture que représente le message de Vie qu’ils apportent ; pas de sandales, le pas léger, assuré, mais compté, pour éviter de s’éloigner du Chemin de la Mission – contact direct avec le sol pour se rappeler sa finitude en foulant la Terre-mère d’où l’homme a été tiré pour y retourner un jour. Ceux qu’ils vont rencontrer sont tirés de cette même terre, de cette même condition, même le loup, frère en humanité, qui a le droit lui aussi de recevoir la Bonne Nouvelle du Salut.
Donc, se dépouiller de tout ce qui est sans intérêt pour la mission que Jésus nous confie. Jésus seul ! Ainsi se termine, d’ailleurs, la Théophanie sur le mont Thabor, une fois que Moïse et Élie disparaissent, Pierre, Jacques, et Jean ne virent plus que Jésus seul !… Cette affirmation pourrait nous servir d’étendard, mais elle risquerait de donner àla mission des allures malheureuses de croisade, effet qui serait plus néfaste encore que la possession de besaces et de bourses ! Puisse ce Jésus seul devenir peu àpeu notre cap, notre sillon, notre vision, notre boussole, la genèse des battements de notre cœur…
Jean Marie Martin, prêtre de l’Oratoire àSaint-Eustache, Paris