Des Oratoriens méditent la Bible. Luc Forestier (11.11.2017)
Première lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
Frères, Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul àleur devoir de la gratitude : c’est le cas de toutes les Églises de la gentilité ; saluez aussi l’Église qui se réunit chez eux. Saluez mon cher Épénète, les prémices que l’Asie a offertes au Christ. Saluez Marie, qui s’est bien fatiguée pour vous. Saluez Andronicus et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité : ce sont des apôtres marquants qui m’ont précédé dans le Christ. Saluez Ampliatus qui m’est cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre coopérateur dans le Christ, et mon cher Stachys. Saluez-vous mutuellement d’un saint baiser. Toutes les Églises du Christ vous saluent.
Je vous salue dans le Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre. Gaïus vous salue, qui est mon hôte et celui de l’Église entière. Éraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que Quartus, notre frère. À Celui qui a le pouvoir de vous affermir conformément àl’Évangile que j’annonce en prêchant Jésus Christ, révélation d’un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels, mais aujourd’hui manifesté, et, par des Écritures qui le prédisent selon l’ordre du Dieu éternel, porté àla connaissance de toutes les nations pour les amener àl’obéissance de la foi ;àDieu qui seul est sage, par Jésus Christ, àlui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen.
 Romains 16, 3-9.16.22-27
Méditation
La finale de l’épître aux Romains qui structure notre liturgie quotidienne depuis plusieurs semaines, jette une lumière très intéressante sur le système ecclésial que saint Paul a mis en place. Loin d’être un homme isolé et incompris, il a constitué au fur et àmesure de sa prédication et de ses voyages un réseau international de collaborateurs, hommes, femmes, couples. La fécondité de son œuvre – perceptible par la place qu’occupe la littérature paulinienne dans le Nouveau Testament – n’est pas séparable des relations nouvelles constituées par la foi partagée et transmise.
Les expressions précises que Paul emploie peuvent permettre de saisir la nature des liens créés par la foi au Christ mort et ressuscité, entre des personnes dont nous savons la diversité grâce àces quelques mots, ou par les autres occurrences où elles apparaissent dans l’Écriture. La complicité qui naît des épreuves apostoliques vécues ensemble, la « fatigue » de l’annonce d’une Parole àl’intérieur de sociétés qui, sans le savoir, l’attendent, le soutien matériel essentiel que prodiguent certains, jusqu’àaccueillir l’Église dans leur propre maison, la fraternité nouvelle que crée le baptême : voilàquelques-uns des facteurs qui constituent ce réseau ecclésial.
En accueillant ces lettres dans le corpus normatif dont elle vit, l’Église a reconnu la puissance de transmission du système paulinien, et la garantie qu’il offre pour vivre de la foi au Ressuscité. Même si l’écoute de la Parole àl’intérieur d’une Église qui nous la tend semble moins confortable que la solitude du mystique occupé àDieu seul. C’est finalement l’appartenance àce réseau complexe qu’est l’Église qui offre la meilleure garantie pour vivre àl’intérieur de la foi au Christ. Cette ultime page de l’épître aux Romains dresse aujourd’hui encore l’articulation cruciforme qui vérifie notre accueil de la foi en Dieu par la qualité de nos relations avec les autres créatures. Ce rappel exigeant et réconfortant est d’actualité le jour où l’Oratoire fête l’anniversaire de sa fondation, le 11 novembre 1611.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis