Pour la crèche catholique de Saint-Eustache, nous avons voulu construire une structure qui faisait l’intermédiaire entre l’univers narratif de la nativité, et l’espace de l’église . C’est dans un respect total du lieu de culte et de la foi de ceux qui le pratiquent que nous avons voulu proposer une structure « redynamisée » de la crèche de Noël, distribuant dans l’espace, l’histoire « remystifiée » et « illuminée » de la Nativité par Anouk Rabot .»
La crèche est un espace qui raconte une histoire ; habituellement, la crèche fonctionne comme un abri àl’intérieur duquel se déroule la scène. C’est une maquette plus ou moins grande que l’on dépose dons l’église, autrement dit un espace (la crèche ) dons un espace (l’église). La crèche que nous construisons prend part àl’église en tant que bâtiment puisqu’elle vient entourer la base d’une de ses colonnes. Elle fonctionne comme une addition architecturale, un objet qui vient continuer l’espace plutôt que le remplir Ainsi, la base d’une des colonnes fait office de « cÅ“ur de la crèche» ; une façon de traiter le sujet de la Nativité , qui est un récit fondateur de la religion chrétienne, par l’utilisation d’une partie de la fondation du bâtiment-église un des poteau sur lequel «tout» tient. Pour greffer la crèche àl’église de pierre, il nous paraissait primordial d’en utiliser la personnalité chromo tique (une gamme de beige calcaire).
Ainsi, le beige faisant office de liant, il nous permet de passer par le gris, le jaune, le rouge et le noir sons rentrer en conflit visuel avec l’environnement chromatique de l’église. Notre crèche est une structure de bois peinte qui distribue son imagerie narrative en un mouvement centrifuge, les protagonistes y sont figurés en un répertoire de 25 scènes, 25 possibilités de composition qui, plutôt que de donner a lire un récit construit, rationnel et finalement froid, disperse des indices, en des images àréinterpréter. Une crèche qui continue le bâtiment église, qui raconte l’histoire de la Nativité, mois aussi (et peut-être sur tout ) une crèche qui compte les jours, puisqu’elle se donne a voir petit àpetit, que chaque jour un dessin apparaît, et qu’ainsi, elle se fixe au fil du temps.
Anouk Robot, Max Coulon, artistes, créateurs de la crècheÂÂ
Dans l’évangile de Luc, l’endroit où Jésus a été déposé àsa naissance est désigné par le mot «mangeoire» d’où est issu le mot «crèche» . Un des symbolismes de la crèche est le rappel du dépouillement et de la pauvreté du lieu de naissance du Christ. Les plus anciennes représentations paléochrétiennes de la Nativité connues dotent du Ille siècle, mois c’est surtout aux IV’ et v• siècles qu’elles deviennent plus nombreuses. Au fil des ans, la crèche s’ouvre sur un espace plus large où sont rassemblés les personnages de la Nativité, allant même jusqu’àla mise en scène de «Mystères» devant le porta il des églises.
Anouk Robot et Max Coulon sont les lauréats de l’appel àprojet pour la réalisation d’une crèche contemporaine qui a été lancé, pour la deuxième année, en association avec le fonds de dotation Rubis Mécénat, auprès des étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts. Anouk a privilégié le travail du dessin, Max celui du bois. Tous deux ont voulu prolonger cet te ouverture sur l’espace dont la crèche a fait l’objet et composer avec la lumière. Une série de dessins, présentés dons de petites boites, se déroule autour d’un des piliers de l’église pour scander le cheminement qui nous mène àla naissance de Jésus. Chaque jour une boite s’allumera jusqu’àla nuit de Noël où toutes brilleront ensemble pour annoncer sa venue parmi nous. Quant aux Rois mages, ils arriveront àla dote prévue « Nous vous proposons une crèche qui se tourne vers l’extérieur et vient distribuer les images qui en composent le récit . Une structure éclatée se greffe àl’église, vient enlacer une colonne de pierre, c’est l’ossature de la crèche. La crèche est un réseau de poutres et de formes peintes qui distribue les boites lumineuses autour de la colonne. Ces boites diffusent des scènes gravées. Comme en écho àla technique du vitrail, la surface tracée laisse passer la lumière, produisant ainsi un dessin qui éclaire. A l’aide d’images silencieuses et pourtant parlantes, elles nous racontent la naissance de Jésus.»
Françoise Paviot, galeriste, Paris