Des Oratoriens méditent la Bible. Antoine Adam (26.12.2017)
Première lecture du mardi 26 décembre
Première lecture du mardi 26 décembre
En ces jours-là, Étienne, rempli de la grâce et de puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants. Intervinrent alors certaines gens de la synagogue dite des Affranchis, ainsi que des Cyrénéens et des Alexandrins, et aussi des gens originaires de Cilicie et de la province d’Asie. Ils se mirent àdiscuter avec Étienne, mais sans pouvoir résister àla sagesse et àl’Esprit qui le faisaient parler. Ceux qui écoutaient ce discours avaient le cœur exaspéré et grinçaient des dents contre Étienne. Mais lui, rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout àla droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout àla droite de Dieu. » Alors ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent àle lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis, se mettant àgenoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort.
 Actes 6, 8-10; 7, 54-60
J’ai une tendresse particulière pour Etienne, cet homme qui a fait bouger la communauté de Jérusalem. Le récit d’aujourd’hui ne nous donne pas la catéchèse que celui-ci fit dans le Temple de Jérusalem devant les anciens et les scribes. Rappelons-nous qu’il est accusé devant les autorités du Temple de « proférer des paroles blasphématoires contre le lieu Saint et contre la Loi. Et que Jésus changerait les coutumes que Moïse avait transmises »… Etrange accusation qui semble comme actualiser les murmures proférés contre le pape François, par certains cercles qui se veulent plus catholiques que le pape mais tardent àdevenir chrétiens… Ah ! Ces croyants qui au nom d’une tradition, qu’ils rigidifient àleur convenance, sont prompt àaccuser les autres de trahir la tradition reçue ! Que dit Etienne dans sa catéchèse ? Il réactualise de longs récits reçus dans les Ecritures ; récits laissant comprendre que le Dieu de l’Alliance est un Dieu itinérant et qu’il accompagne l’homme sur ces chemins d’humanité. La grande tradition reçue n’est pas dans le Temple de pierre mais la tente souple, qui se monte et se démonte, « faite sur les ordres de celui qui parlait avec Moïse… » Et Etienne de rajouter àson auditoire que le « Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme »… La grâce d’Etienne est de comprendre que Dieu n’est pas enfermable dans des constructions humaines, qu’elles soient des temples de pierre ou des constructions conceptuelles. Le Dieu de l’Alliance accompagne l’humain làoù il en est, dans la condition qui est la sienne, dans l’épaisseur de l’histoire singulière propre àchaque être humain. C’est pourquoi les récits prenant en compte cette épaisseur historique sont si importants dans la transmission de la foi. Ayant assimilé cela, Etienne est comme rempli d’Eprit Saint. Il voit cette Gloire de Dieu qui se ne dissocie jamais de l’humain ; le mystère de Dieu est indissociable de l’humain assumé en Jésus-Christ. Ne nous étonnons pas alors que le dernier souffle d’Etienne soit comme celui du Christ, un souffle de miséricorde. Nous sommes si lents àcomprendre…
Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire àSaint-Eustache