A-t-on jamais vu un papa pousser son fils vers le précipice, ou le laisser approcher la main d’un four chaud ? C’est pourtant ce que des traducteurs, au zéro pointé, nous donnent comme image de Dieu, « nous soumettant à la tentation ». Une saine lecture de ce passage de Jacques aurait évité cette mention du Notre Père, enfin corrigé ! « Dieu ne tente personne » dit Jacques, « l’homme est le seul maître de ses désirs », de ses tentations, dont certaines ne sauraient être taxées de mauvaises, ce n’est d’ailleurs pas de nos petites tentations quotidiennes qu’il s’agit ! Mais alors ? Sans vouloir faire de l’exégèse, encore que cela ne ferait pas de mal parfois : nous trouvons Jésus à Gethsémani dire à ses trois amis endormis : « Priez pour ne pas entrer en tentation », prolongeant ce que nous entendions de Lui à la Cène quand, s’adressant à Pierre, il lui dit : « J’ai prié pour que ta Foi ne défaille pas. »

Comment douter alors que cette tentation venant de l’intérieur de l’homme, ou l’épreuve l’atteignant de l’extérieur, n’expose l’homme à perdre la Foi ? Cette Foi en Dieu voulant notre bien, attendant que nous réalisions le Projet Divin mis en nous. Oui, Père, aide-nous à ne pas te renier, à être cohérent dans notre vie de croyant. Jacques va d’ailleurs plus loin, ayant l’audace de clamer qu’une Foi qui n’est pas suivie d’actes est vaine, seuls les actes en révèlent la profondeur. Cela nous amène à croire que Dieu se trouve là où l’homme se trouve et agit, témoignant ainsi de sa Foi, la vraie.

Alors, Père, ne nous laisse pas succomber à la tentation (ce qu’aurait dû être la nouvelle traduction), mais donne-nous ta force, ton esprit, pour que nous posions les gestes qui disent tout l’amour que nous te portons.

Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à La Valfine, Jura.