Des Oratoriens méditent la Bible. Michel Quesnel (10.03.2018)
Première lecture du samedi 10 mars 2018.
Première lecture du samedi 10 mars 2018.
« Venez, retournons vers YHWH.
Il a déchiré, il nous guérira ;
il a frappé, il pansera nos plaies ;
après deux jours il nous fera revivre,
le troisième jour il nous relèvera
et nous vivrons en sa présence.
Connaissons, appliquons-nous àconnaître YHWH ;
sa venue est certaine comme l’aurore ;
il viendra pour nous comme l’ondée,
comme la pluie de printemps qui arrose la terre. »
Que te ferai-je, Ephraïm ?
Que te ferai-je, Juda ?
Car votre amour est comme la nuée du matin,
comme la rosée qui tôt se dissipe.
C’est pourquoi je les ai taillés en pièces par les prophètes,
je les ai tués par les paroles de ma bouche ;
et mon jugement surgira comme la lumière.
Car c’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices,
la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes.
ÂÂ
Osée 6, 1-6
Osée était prophète dans le Royaume du Nord, capitale Samarie, au VIIIe siècle avant notre ère. Il est témoin de l’inconstance des habitants de ce royaume dirigé par un roi impie, Jéroboam II. Ils ne manquent pas d’élan, ces habitants. Ils savent que Dieu est un dieu de pardon, donc ils pensent qu’il ne leur tiendra pas rigueur de leur impiété. Leur déclaration, reproduite dans la première partie de ce passage, est pleine d’espérance : certes, ils ont péché et en ont connu les conséquences ; mais Dieu viendra, il apportera les eaux rafraîchissantes qui permettront l’abondance des récoltes. Pourtant, qu’y a-t-il de vrai dans leurs paroles ? A quoi correspond leur prétendu repentir?
C’est alors que le prophète prend la parole au nom de Dieu dans la deuxième partie du texte. Il interroge les gens sur la façon dont ils manifestent leurs intentions : quelques animaux sacrifiés au Seigneur ? Quelques offrandes dans les Temples (il y en avait plusieurs dans le Royaume du Nord) ? Nous dirions, en transposant dans la religion chrétienne : quelques gros billets déposés dans la corbeille de la quête ? Une offrande généreuse pour le denier de l’Eglise ? Mais àquoi bon cette générosité apparente si le cœur n’y est pas, et si cela ne se traduit pas par des engagements précis vis-à-vis des pauvres ? Visitons-nous les personnes àl’hôpital ou en EHPAD ? Accueillons-nous les migrants ?
Le terme traduit par « amour », dans la dernière phrase, serait mieux rendu en français par « miséricorde » ou «compassion ». Le pape François en a suffisamment parlé. C’est peut-être lui, l’un des prophètes du XXIe siècle, dont la parole tue lorsqu’elle n’est pas entendue. « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant », déclare Jésus dans l’évangile de Luc (Luc 6, 36).
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àLyon