Évangile du 1er juin 2018
Jésus entra àJérusalem dans le Temple et […] il sortit pour aller àBéthanie avec les Douze. Le lendemain, comme ils étaient sortis de Béthanie, il eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque fruit mis […] il ne trouva rien que des feuilles : car ce n’était pas la saison des figues. S’adressant au figuier, il lui dit : « Que jamais plus personne ne mange de tes fruits ! » […] Le soir venu, Jésus s’en allait hors de la ville. Passant au matin, ils virent le figuier desséché jusqu’aux racines. Et Pierre, se ressouvenant, lui dit : « Rabbi, regarde : le figuier que tu as maudit est desséché. » En réponse, Jésus leur dit : « Ayez foi en Dieu. En vérité je vous le dis, si quelqu’un dit àcette montagne : Soulève-toi et jette-toi dans la mer, et s’il n’hésite pas dans son cÅ“ur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé. C’est pourquoi je vous dis : tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjàreçu, et cela vous sera accordé. Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, remettez-lui, afin que votre Père qui est aux cieux vous.
Marc 11, 26 – 11, 25
Méditation
Cette séquence relate une attitude de Jésus pour le moins inhabituelle et qui peut nous surprendre. Comment le Christ peut-il maudire ? Si je m’en tiens aux faits, je le vois bien humain, il a faim, jusque-làça va, mais voilàque ses dires et ses actions vont dépasser l’idée que l’on peut se faire du Fils de Dieu : il est agacé, car il ne trouve pas de quoi se sustenter alors qu’il pensait pouvoir le faire ; il est péremptoire, et injuste, car il s’en prend àun figuier qui ne peut pas porter de fruits hors-saison – comment peut-il l’ignorer ? – ; il est répressif, car il condamne cet arbre àla stérilité ; et ce Christ si attentif ànourrir les foules qui viennent l’écouter, souhaite que personne ne puisse trouver de quoi se nourrir sur ce figuier. Et la malédiction va porter des fruits – quant àelle – car l’arbre sera détruit jusqu’aux racines.
[Le vent commence àsouffler dans les branches du figuier et la tempête va éclater sur les vendeurs du temple, violence inattendue et encore plus surprenante.]
Dans cet acharnement sur le figuier, je vois une allégorie : Jésus a faim de nous, de notre salut, de celui du monde, il s’enquiert de notre capacité àporter des fruits, et il n’y a pas de saison propice pour cela, c’est toujours le moment favorable de la fruition pour un disciple.
Craignons la déception qu’il éprouverait s’il ne trouvait rien en nous qui puisse contenter son attente, sa faim, et qui, par làmême, ne pourrait nourrir notre prochain qui mérite de l’être. À quoi bon laisser se perdre la sève qui découle de sa Croix, de sa Résurrection, de son Esprit. Alors demandons en priant – et cela nous sera accordé àl’aune de notre foi – que nous soyons des disciples prolifiques, nous rappelant cette parole en Saint-Jean 15, 8 : Ce qui fait la Gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits.
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire àSaint-Eustache, Paris