Des Oratoriens méditent la Bible. Michel Quesnel 16.06.2018
Première lecture du samedi 16 juin 2018
Elie partit de làet trouva Elisée, fils de Shaphat, tandis qu’il labourait douze arpents, lui-même étant au douzième. Elie passa près de lui et jeta sur lui son manteau. Elisée abandonna ses bœufs, courut derrière Elie et dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis j’irai àta suite. » Elie lui répondit : « Va, retourne, que t’ai-je donc fait ? » Elisée le quitta, prit la paire de bœufs et l’immola. Il se servit du harnais des bœufs pour les faire cuire, et donna àses gens, qui mangèrent. Puis il se leva et suivit Elie comme son serviteur.
 1er livre des Rois 19, 19-21
Méditation
Cette scène nous en rappelle d’autres, plus familières : des vocations du même type dans les évangiles de Matthieu et de Luc (Mt 8, 18-22 ; Lc 9, 57-61). Chez Luc, en particulier, àune personne qui demande àJésus d’aller prendre congé des siens avant de le suivre, Jésus répond : « Quiconque a mis la main àla charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de Dieu » (Lc 9, 62). Cela peut sembler assez inhumain : ne pas même dire au revoir àses parents !
La radicalité de l’appel lancé par Elie et par Jésus invite àdeux réflexions. Jusqu’àl’époque moderne, en premier lieu, la pression familiale était énorme sous tous les cieux. Aller saluer ses parents avant de suivre un prophète, c’était risquer de se faire récupérer par sa famille, y compris par la force. Si les couvents de moniales cloîtrées avaient des grilles, ce n’était pas tant pour interdire aux religieuses de sortir du monastère que pour empêcher le père ou les frères de venir les enlever pour les ramener manu militari dans le giron familial. Thérèse d’Avila en a donné le témoignage.
Au-delàde considérations culturelles, il est vrai, en second lieu, que la réponse àun appel venant d’un homme de Dieu ne peut se contenter de demi-mesures. Il faut s’engager résolument et parfois prendre des dispositions énergiques pour ne pas retourner en arrière. Elisée, qui labourait, finit par immoler les bœufs qui tiraient sa charrue ; il les fait cuire en brûlant le harnais qui les attelait, et les donne en nourriture àses personnels. Plus de bœufs, plus d’attelage, il ne risque pas de revenir àsa vie antérieure.
A nos contemporains qui n’aiment pas les engagements définitifs, cette scène propose un modèle. Garantir ses arrières, c’est souvent aller de l’avant avec tiédeur, sans prendre vraiment de risque. Mais est-ce àcela que Dieu nous appelle ?
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àLyon