En ce même temps survinrent des gens qui lui rapportèrent ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang àcelui de leurs victimes. Prenant la parole, il leur dit : «Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. Ou ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a tuées dans sa chute, pensez-vous que leur dette fût plus grande que celle de tous les hommes qui habitent Jérusalem ?… Non, je vous le dis ; mais si vous ne voulez pas vous repentir, vous périrez tous de même. »
Il disait encore la parabole que voici : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n’en trouva pas. Il dit alors au vigneron : « Voilàtrois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc use-t-il la terre pour rien ? » L’autre lui répondit : « Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits àl’avenir… Sinon tu le couperas. »
Luc 13, 1-9
Méditation
Ne serions-nous pas atterrés, scandalisés, si quelqu’un proclamait aujourd’hui : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez comme ceux qui sont morts par les eaux dans l’Aude, en Floride, par le tsunami en Indonésie, ou dans divers attentats et massacres, comme dernièrement en Crimée… » On peut souhaiter qu’un tel discours de répression ne passerait pas aujourd’hui, et pourtant, la croyance en un dieu répressif jouit d’une vie dure. Souhaitons que les sinistrés du Sud-ouest n’aient pas la tentation de croire qu’ils sont les cibles d’une sanction divine. « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » Il vaut mieux être fermement incroyant que de proférer un tel poncif ! Malheureusement, la foi en un Dieu qui punit est bien ancrée dans certains esprits, et celle-ci semble plus facile, plus spontanée àse manifester, que la foi en un Dieu d’Amour qui ne veut que le bien de l’homme. Lorsque tout va bien dans nos vies, c’est grâce ànous ; quand tout va mal, ne serait-ce pas que Dieu en est l’artisan ?
Dans cet Evangile, on pourrait penser que Jésus menace les pécheurs d’un châtiment terrible s’ils ne se convertissent pas. Or, c’est bien une marque d’amour de Jésus que prévenir ses contemporains de se convertir pour ne pas être saisis par un drame – totalement étranger àla volonté de Dieu -, qui risquerait de les couper de Celui-ci. Jésus ne les menace pas d’être châtiés, mais il les mets en garde contre un drame sans pareil : mourir séparés du Père en refusant son Amour. Mais, ô Espérance, Jésus entraînera tous les hommes avec lui dans son Mystère Pascal !
Dans la seconde partie de notre évangile, contemplons le visage de ce Père, en la personne du vigneron, qui nous présente un Dieu patient, un Dieu qui prend les moyens nécessaire pour faire progresser sa créature, car rien n’est jamais perdu : un homme créé àl’image de Dieu ne peut pas sombrer dans le néant, c’est impossible ! Dieu est un Père qui fonde toute espérance en les capacités humaines àrebondir, croître, avancer, germer, et porter du fruit en abondance.
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire àParis