Première lecture du jeudi 8 novembre 2018
Car c’est nous qui sommes les circoncis, nous qui offrons le culte selon l’Esprit de Dieu, et tirons notre gloire du Christ Jésus, au lieu de placer notre confiance dans la chair. J’aurais pourtant sujet, moi, d’avoir confiance dans la chair : si quelque autre croit avoir des raisons de se confier dans la chair, j’en ai bien davantage : circoncis dès le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d’Hébreux ; quant àla Loi, un Pharisien ; quant au zèle, un persécuteur de l’Eglise ; quant àla justice que peut donner la Loi, un homme irréprochable. Mais tous ces avantages dont j’étais pourvu, je les ai considérés comme un désavantage, àcause du Christ. Bien plus, désormais je considère tout comme désavantageux àcause de la supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur.
 Épître aux Philippiens 3, 3-8a
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Méditation
Un chrétien n’écrirait plus cela sur la circoncision. Dire que ce sont les croyants en Jésus Christ qui sont les circoncis véritables, alors que des Juifs vivent actuellement au milieu de nous et parfois se font massacrer parce qu’ils sont Juifs, a quelque chose d’insupportable. La Shoah a fait six millions de morts, dont les mâles ont souvent été identifiés parce que physiquement circoncis. Le 27 octobre dernier, une fusillade a tué onze personnes dans une synagogue, àPittsburgh, aux Etats-Unis ! Il faut être saint Paul pour se permettre d’écrire ce qu’il écrit sur la circoncision, précisément parce qu’il est juif, matériellement circoncis, et qu’il estime qu’entre les disciples du Christ d’origine juive d’une part, et les disciples du Christ d’origine païenne d’autre part, il n’y a pas de différence.
C’est làla pointe du propos de Paul. Il aurait le droit de considérer sa judaïté comme un avantage au sein de l’Eglise, l’Eglise de Jésus le Juif. Mais pour un chrétien, il n’est pas légitime de se glorifier de ce que l’on a hérité dans son berceau – sa famille, sa classe sociale, sa religion, sa nationalité – ni d’en tirer quelque avantage que ce soit. Nous sommes tous sortis nus du ventre de notre mère, et c’est nus également que nous serons rendus àla terre. La seule gloire d’un chrétien, c’est sa faiblesse dont il sait que le Christ peut la transformer en force.
D’où la nécessité de cultiver notre proximité avec Jésus, par la prière, par le temps donné àl’oraison, par la façon dont nous nous efforçons de l’imiter, par le souci du pauvre auquel Jésus s’identifie lorsque nous nous approchons de lui pour le servir. En donnant ainsi de notre temps, nous mutilons volontairement notre vie d’une part de la durée dont nous pourrions profiter pour en jouir ; c’est peut-être cela que l’Ancien Testament appelle la « circoncision du cœur » (Deutéronome 30, 6 ; Jérémie 4, 4).
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àLyon