Des Oratoriens méditent la Bible. Luc Forestier (06.03.2019)
Première lecture du mercredi 06 mars 2019
Première lecture du mercredi 06 mars 2019
Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu.
Et puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons encore àne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Il dit en effet : Au moment favorable, je t’ai exaucé ; au jour du salut, je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut.
 Deuxième Epître aux Corinthiens 5,20 – 6,2
Les accentuations pastorales contemporaines insistent beaucoup sur le temps du Carême qui commence aujourd’hui, en présentant les trois éléments traditionnels, le jeûne, la prière et le partage. Les lectures choisies, et particulièrement cette page de saint Paul, permettent d’ouvrir d’autres fenêtres, au moins complémentaires voire concurrentes.
Si l’Église et les Églises ont voulu transmettre ce texte subtil et frémissant, c’est parce qu’elles reconnaissaient dans le cri de Paul un appel qui les constitue : « laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Les premiers chrétiens, confrontés aux violences d’un monde romain qui les acceptait mal et, plus encore, aux conflits qui naissaient au sein des premières communautés, percevaient avec acuité un besoin de réconciliation. Tous faisaient aussi l’expérience douloureuse de leur incapacité àdépasser les conflits et les rancœurs, et attendaient de Dieu la force pour vivre le pardon qui apparaissait, aujourd’hui comme hier, nécessaire et inaccessible.
Loin des recettes frelatées que proposent certains marchands, ces chrétiens voyaient dans la personne du Christ, suivi jusqu’au bout, celui qui permet de goûter un pardon authentique, en l’inscrivant concrètement dans les limites de toute histoire humaine.
Mais ces premiers chrétiens se reconnaissaient aussi dans le geste de Paul qui se sait « ambassadeur » du Christ. Ce mot français renvoie aux pratiques diplomatiques, où la lenteur des communications exigeait la présence permanente de représentants plénipotentiaires des puissances souveraines. Il indique pourtant la vocation des chrétiens qui se préparent, lors de la veillée pascale, àrenouveler les promesses de leur baptême. Être ambassadeur du Christ aujourd’hui consiste àtémoigner d’un Roi d’humilité, qui suscite notre liberté, et qui nous ouvre les ressources insoupçonnées d’un pardon accessible àtous.
Le Carême est alors un temps de prise de conscience de notre vocation de « coopérateurs » du Christ, et une redécouverte des ressources qui sont disponibles. La joie de Pâques traverse nos vies au moment où nous en témoignons ; notre vocation d’ambassadeurs s’approfondit quand nous expérimentons le pardon par amour.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis