Le temps de Carême. Un moment favorable. On disait autrefois, on le dit toujours mais de façon plus douce, que le Carême est une période de jeûne, d’aumône et de pénitence. Alors on pense au cilice, aux navets. Et cette imagerie est tant installée, qu’on en oublie le nécessaire. Car, en revenant au centre de tout, c’est-à-dire en fixant les yeux sur Jésus-Christ, on le voit alors qui durant ces quarante jours, lui, se laisse envelopper par son Père, par Sa Volonté. Il s’offre totalement, Lui donne tout, Lui remet tout. Et pour cela, il part àSa rencontre, dans le désert tout d’abord, puis sur une haute montagne, sur le chemin de Jérusalem, enfin sur la Croix.
Des lieux où, pour que Dieu parle, règne le silence.
Saint-Eustache nous invite chaque vendredi, avant la messe du soir, pour nourrir notre chemin de Carême àun temps de silence, d’oraison. Si l’on se demande ce que l’on peut offrir àDieu en ces jours et que l’on craint le cilice, notre silence apparaît comme un don parfait. En faisant silence, on invite Dieu chez soi. On Lui ouvre les portes. On tend l’oreille àSa Parole. On s’en remet àLui. Car pour entendre ce que l’on cherche ànous dire, il faut d’abord se taire et laisser parler l’autre. Ce que l’on fait avec un homme, pourquoi ne pas le tenter avec Dieu fait homme ? Le silence, c’est la prière, c’est le don de sa présence àDieu. C’est Lui dire, comme Samuel « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Par le silence , le jeûne, l’aumône et la pénitence s’offrent d’eux-même : nous faisons le jeûne de nos paroles, nous offrons les oreilles de notre esprit , et nous entrons dans l’humilité d’une présence attentive.
Et puis il faut bien le dire : en ces jours pénibles où àchaque seconde, dans les médias, sur internet, dans la rue, nos oreilles se remplissent d’invraisemblables rumeurs, de mensonges éhontés, de cris de haine, bref de toute l’ordure du monde, faire silence devient plus que nécessaire. Car àforce de tout entendre, on risque de devenir sourd. Et ça ce serait vraiment dommage. Parce qu’en ces temps, nous avons justement quelqu’un àécouter. « Dieu a dit une seule Parole, c’est son Fils, et la dit dans un silence d’amour éternel ; et c’est dans le silence que l’âme doit l’écouter. » Que cette vieille maxime du Carmel nourrisse les quarante jours de notre pèlerinage àDieu.
David Wahl, paroissien de Saint-Eustache