« Cet évangile m’appelle àêtre vrai, modeste et humble »
Méditation du P. Michel Dupuy
Méditation du P. Michel Dupuy
Évangile du jeudi 3 février 2022
En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença àles envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’àvotre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile àde nombreux malades, et les guérissaient.
Marc 6, 7-13
« Cet évangile m’appelle àêtre vrai, modeste et humble »
Jésus y va vraiment un peu fort, demandant àses disciples de se priver non pas de leur superflu mais de l’essentiel ; n’attendant pour leur séjour que ce que leur donnera ou refusera la maison où ils frappent. Peut-être faut-il lire ce passage comme une invitation àne pas s’imposer mais àse voir accueilli, non par ce que l’on a, mais pour ce que l’on est. Recevoir avant de donner est une exhortation àl’humilité, àla modestie : l’accueil précède l’écoute. C‘est donc dans l’attention apportée àêtre accueilli qu’il faut apporter le soin de la cohérence de notre vie, et non s’appuyer sur un paraître ô combien fragile !
L’image du père Matteo Ricci S.J., me vient àla mémoire ; des années de simple présence pour comprendre la culture chinoise, puis un jour sur les questions de l’empereur de Chine sur ce qui le fait vivre, témoigner de l’Evangile. Æcombien l’Eglise devrait puiser dans cet exemple une modestie que son triomphalisme et la possession prétendue de la vérité lui ont fait perdre. Et je ne saurai m’innocenter de ce danger, bien que me protégeant de ce cléricalisme dénoncé par François.
Pour cela, j’aime particulièrement les portes qui se ferment et l’agnosticisme de beaucoup d’amis. Cela m’amène àme demander comment je me suis comporté pour que le témoignage que je croyais porter devienne une cause de refus. Pour que ma parole, serait-elle l’Évangile, ne passe pas. Serait-ce que la faille entre ma foi et mes œuvres, entre mes dires et mes actes, me ferme les portes de l’accueil ; croyant bien souvent apporter le meilleur de ce que je crois, mais sans porter attention àcelui àqui je parle, àsa propre richesse culturelle, voire àsa propre foi ? Me vient cet autre exemple du père Ceyrac, S.J., disant qu’il n’a jamais cherché àconvertir qui que ce soit, mais àvivre sa foi au milieu des habitants des Indes. Toute sa vie accueillie par les habitants du pays, parmi lesquels il a voulu œuvrer jusqu’àla seconde éternelle.
Cet Evangile me parle donc. Pour être accueilli, que je sois accueillant. Et si je ne le suis pas, avant de juger la porte qui claque, que je regarde si j’ai su me préparer àl’être dans la modestie, l’humilité, et la confiance en l’Esprit qui précède mes pas et auquel j’ai été sourd, n’écoutant que moi. Cet évangile m’appelle àêtre vrai, modeste et humble non seulement dans ma mission, mais tout simplement dans vie. Cohérence !
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire àla Valfine, Jura
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