Pour une Histoire de l’Oratoire de France (XVIIe-XVIIIe siècles)
14 et 15 décembre 2023 àLyon
Maison des Sciences de l’Homme
14 Avenue Berthollet, Lyon 7e
Salle Elise Rivet
Qui se souvient encore de l’ancien Oratoire de France et parvient àdéjouer la confusion toponymique qui conduit trop souvent àassimiler la congrégation religieuse d’Ancien Régime àun modeste édicule de carrefour ? Du reste, ses membres sont bien peu nombreux àavoir eu les honneurs d’une plaque de rue àleur nom, et encore dans ce cas ne sont-ils souvent salués que pour des talents qu’ils ont exercés hors de l’institut.
L’oubli manifeste dans lequel semble tombé l’Oratoire des XVIIe et XVIIIe siècles ne peut manquer de surprendre qui mesure l’étendue de l’action de ces quelque 7 000 prêtres dans le vaste champ de l’apostolat au point culminant de la Réforme catholique, et de l’éducation durant près de deux siècles. Dans ce ministère, auquel on les assimile le plus volontiers, ils méritent très tôt leur réputation de brillants pédagogues, dont ils forment, après les jésuites, le bataillon le plus fourni. Et encore ne s’agit-il làque de l’aspect le plus apparent  et si peu désiré àl’origine  de leur vocation. Prêtres fervents, nourris àla source de l’école française de spiritualité, et fidèles entre tous au dessein de son fondateur, Pierre de Bérulle, les oratoriens se vouent plus encore àla sanctification du clergé. C’est en effet àcette dernière que le cardinal appelle ses premiers compagnons lorsqu’il érige l’Oratoire de France, àParis, le 11 novembre 1611. Congrégation savante, exigeante tant au plan intellectuel que spirituel, l’Oratoire cultive en tout la liberté, qu’il pratique dans son fonctionnement intérieur et reconnaît, en particulier, àchacun de ses sujets. Ainsi, prêtres séculiers, les oratoriens ne prononcent pas de vœux et vivent en communauté dans des « maisons » sous la seule règle de la charité.
Dans un article fondateur publié en 1979, qui se voulait un appel àune recherche systématique, Willem Frijhoff et Dominique Julia soulignaient cet « étrange silence » et l’étonnant paradoxe d’une « congrégation bien étudiée [et pourtant] mal connue »[1]. Depuis lors, leurs travaux conjoints ou particuliers, ont permis d’apporter un éclairage substantiel àl’œuvre éducative des pères ou de documenter la province oratorienne des Flandres[2]. Plusieurs enquêtes d’importance et quelques contributions isolées produites par d’autres générations de chercheurs ont récemment prolongé leur effort, ouvert de nouveaux champs d’investigation, tels l’héritage de pierre, les missions, le statut des frères-servants ou le réseau congréganiste oratorien désormais envisagé pour lui-même[3].
Sur les acquis du demi-siècle écoulé, ce colloque pluridisciplinaire a l’ambition d’ouvrir de nouvelles perspectives àune recherche qui invite àréévaluer la place tenue par la congrégation de l’Oratoire dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles.
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[1] Willem Frijhoff, Dominique Julia, « Les Oratoriens de France sous l’Ancien Régime. Premiers résultats d’une enquête », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. LXV, n° 175, juillet-décembre 1979, p. 225-265.
[2] Willem Frijhoff, « The Oratory in the seventeenth-century Low Countries », Revue d’histoire ecclésiastique (Louvain), vol. 107, n° 1 (2012), p. 169-222.
[3] François-Xavier Carlotti, « Le troisième département de l’Oratoire de Jésus (XVIIe-XVIIIe siècle). Un réseau congréganiste dans la France du Midi », thèse de doctorat en Histoire, Université Jean-Moulin-Lyon 3, 2013, 3 vol. dactyl.; Roberto Caterino, L’Oratorio di Francia e l’architettura, Genova, Sagep Editori, 2017, 220 p. ; Thierry Gouault, « Le “collège-séminaire“ de l’Oratoire du Mans sous l’Ancien Régime (1599-1792) », thèse de doctorat en Histoire, Université du Maine, 2016, 642 p. dactyl. ; Yves Krumenacker (dir.), L’Oratoire de Jésus. 400 ans d’histoire en France, 11 novembre 1611-11 novembre 2011, Paris, Le Cerf, 2013, 186 p.
Organisation : Bernard Hours et François-Xavier Carlotti
bernard.hours@univ-lyon3.fr