Des jours de grand sens ! Editorial de la semaine
Gilles-Hervé Masson, dominicain, vicaire àSaint-Eustache
Avec la célébration des Rameaux ce week-end commence la « Semaine Sainte » dont le premier grand moment est la messe chrismale. Au cours de cette messe, l’archevêque entouré de nombreux prêtres, diacres et d’une assemblée venue de toutes les paroisses du diocèse consacre les huiles qui serviront àla célébration des baptêmes, confirmations, onctions des malades ou encore ordinations.
Ensuite ce sont les jours « saints » proprement dits, qui sont le cœur et la source de toute l’année liturgique! Il faut plonger, se laisser saisir, faire le pèlerinage que proposent ces jours exceptionnels àtravers les textes, les gestes, les silences, la musique…
Les grands rendez-vous sont vespéraux ou nocturnes : jeudi et vendredi soir ou samedi, plus avant dans la nuit pour la Veillée pascale. Chaque soir a son signe propre àne pas manquer :
Le jeudi saint c’est le signe du lavement des pieds. Tout se joue àla croisée de trois commandements du Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », « Faites ceci en mémoire de moi » (l’eucharistie), « lavez-vous les pieds les uns aux autres ». La communauté eucharistique est essentiellement fraternelle et servante.
Le vendredi saint c’est le signe de la Croix, drame de la mort de l’innocent et point de non retour de l’amour du Seigneur. « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis »… Tout est dit ! Embrasser la croix au cœur de la célébration signifie offrir au geste du Christ qui va jusqu’au bout une vraie réponse d’amour et d’adoration mais aussi faire sien son combat contre les forces d’injustice et de mal.
Le samedi saint c’est le signe du tombeau fermé et c’est aussi un jour d’intense silence. Pas un jour vide ou « blanc » où « il ne se passe rien »… Jour, au contraire, de l’ultime compassion : le Christ est compté parmi les morts parce qu’il ne s’est pas dérobé àla mort… Jour d’attente et de foi nue… aucune certitude… seulement l’espérance que l’inespérable se produise et que la mort soit vaincue…
Sainte Nuit de Pâques c’est le signe de la nuit éclairée et du tombeau déserté : « Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui vit ». Merveille de l’annonce du Christ Ressuscité, non pour lui-même mais pour que tout homme, toute femme ait la vie en lui… Au cœur de la célébration, les catéchumènes plongent dans l’eau baptismale et communient avec l’assemblée àla vie du Ressuscité.
Jours saints : moment poétique s’il en est ! Moment fraternel, vécu avec le Seigneur qui a voulu qu’en lui tous, toutes, aient « la vie et la vie en plénitude » !
Gilles-Hervé Masson, dominicain, vicaire àSaint-EustacheÂÂ