Des Oratoriens méditent la Bible – Michel Quesnel (15.06.2016)
Évangile du Mercredi 15 juin 2016
Évangile du Mercredi 15 juin 2016
Jésus disait dans le Sermon sur la Montagne : « Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites ; ils aiment, pour faire leur prières, àse camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu’on les voie. En vérité, je vous le dis, ils tiennent déjàleur récompense. Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »
(Matthieu 6, 5-6)
Dans une société laïque comme la nôtre, on n’est pas trop tenté de se camper ordinairement dans les rues ou au milieu des carrefours pour prier au vu et au su de tout le monde ; ça ne nous attirerait sans doute l’estime de personne ; nous risquerions plutôt de paraître ridicule. La situation était autre dans l’Israël antique : la piété était bien portée, on priait en public, y compris dehors ; celui qui le faisait passait pour un homme de bien. D’où les propos de Jésus qui remettent la prière àsa vraie place : c’est une relation àDieu, non une démarche ostentatoire qui risquerait vite de sombrer dans l’hypocrisie.
Aujourd’hui en Europe occidentale, une personne qui prie dans les lieux publics le fait en général discrètement : je connais des catholiques qui aiment dire leur chapelet dans la rue ou dans les transports en commun lorsqu’ils se rendent au travail ; d’autres – parfois les mêmes – qui écoutent les prières d’une radio chrétienne au volant de leur voiture. Il n’y a rien àredire, au contraire, c’est plutôt àencourager. Mais il y a un piège, celui de croire que ce type de prière est suffisant et qu’on n’a pas àprier autrement. Les conseils que donne Jésus dans le Sermon sur la montagne valent alors d’être écoutés.
L’essentiel est de se rendre présent àDieu ; il serait païen de penser que je suis seul àagir.
Si je ferme sur moi la porte de ma chambre et que je prie dans le silence, je vis avec Dieu des moments d’intimité privilégiée. Je lui donne ce que j’ai de mieux àdonner, àsavoir mon temps ; les précieuses minutes de mon temps. Et lui, qui est le Dieu vivant, profite de ces moments-làpour se donner àmoi en retour : il m’inonde de son amour et de sa grâce. Pendant ces minutes-là, c’est comme si je tenais une coupe ouverte devant moi pour recueillir tout ce qu’il désire déverser en moi. Rien ne remplace ces moments d’intimité avec Dieu. Il arrive que j’aie des distractions, il arrive que je ne sache pas très bien quelle prière exprimer, il arrive aussi que je m’ennuie, mais c’est secondaire. L’essentiel est de se rendre présent àDieu ; il serait païen de penser que je suis seul àagir.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon