Remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer. On trouve aussi cette idée de déchirure dans le prophète Isaïe. Ce terme, en ces deux occurrences, est utilisé pour évoquer une relation entre deux entités habituellement incapables de communiquer : Ah ! Si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, les montagnes s’ébranleraient devant toi ! Vous avez peut-être déjà entendu certains jeunes s’exprimer ainsi : « Ça déchire grave ! » Voilà une expression populaire triviale qui veut maladroitement signifier l’introduction de l’extraordinaire dans le quotidien avec tout son cycle d’émotions. Ce qui se passe au bord du Jourdain déchire, mais bien au-delà, ô combien au-delà ! En cet instant, notre monde va prendre une face nouvelle, il va se trouver changé, transformé, ainsi que l’avenir de l’humanité.

L’Esprit-Saint a déchiré les Cieux, il est descendu, il a fécondé la Vierge Marie, et aujourd’hui encore, il déchire les Cieux et vient initialiser la mission de Jésus, Celui derrière lequel nous sommes tous, désormais, appelés à marcher. Il vient derrière Jean, Il passe en tête, il vient prendre notre tête dans ce geste initiatique à travers les eaux du Jourdain. Maintenant il sait où reposer sa tête. Il est le Premier-né avant toute créature, il est aussi la Tête de l’Église.

En cette fête du Baptême du Christ, nous repassons tous par les eaux du Jourdain. « Déchirez vos cœurs » dira le prophète Joël, oui, déchirons la gangue de tout ce qui nous étouffe, nous pétrifie, nous putréfie, et nous ressortirons purifiés, régénérés dans notre Baptême, illuminés et guidés sur notre chemin à suivre ou à poursuivre.

Jean-Marie Martin, oratorien à Paris