Comme Jésus était entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui en le suppliant : « Seigneur, dit-il, mon enfant gît dans ma maison, atteint de paralysie et souffrant atrocement. »
Il lui dit : « Je vais aller le guérir » – « Seigneur, reprit le centurion, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot et mon enfant sera guéri. Car moi, qui ne suis qu’un subalterne, j’ai sous moi des soldats, et je dis àl’un : Va ! et il va, et àun autre : Viens ! et il vient, et àmon serviteur : Fais ceci ! et il le fait. »
Entendant cela, Jésus fut dans l’admiration et dit àceux qui le suivaient : « En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien ! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux. »
(Matthieu 8, 5-11)
Méditation
Un homme, un soldat, un centurion, un païen vient àJésus. Son collègue, en service, au pied de la croix, proclamera – du moins Marc lui prête ces paroles – la filiation divine de l’innocent crucifié ; et cet autre du nom de Corneille, habité par la foi, reçoit l’Esprit-Saint avant toute imposition des mains de la part de l’évêque, pardon… de Pierre ! Que demande-t-il ? « Maître, que mon serviteur soit guéri. » Voilààcet instant la vérité de cet officier apprécié de ses hommes, car on suit un chef attentif au plus petit.
En face de lui, un homme dont il connaît le talent de guérisseur. Un homme en qui il place sa confiance. Jésus, là, debout dans sa vérité de sauveur des hommes, de tous les hommes… Jésus – Parole qui agit, geste qui parle, signifiant par làqui Il est. Les regards sont àla même hauteur. Les deux vérités se rencontrent dans le respect des interdits culturels.
Le serviteur sera guéri. Le centurion n’a pas la foi en l’identité de Jésus, mais il a foi en sa richesse humaine. Foi en ce qu’il est pour lui àcet instant. Deux regards chargés de vérité…
Dès lors, comment ne pas lire l’appel àpurifier nos regards afin qu’ils soient vérité intérieure rencontrant la vérité de l’autre ? Difficile échange entre les hommes, entre hommes différents que nous excluons : l’étranger de tout bord, rejeté, jugé ; quel regard avons-nous sur lui, et inversement lui sur nous ? Jésus en ce centurion aux mains sales face aux yeux des « purs » aux mains trop « blanches », sait voir l’homme. Que sa manière soit la nôtre… « Tu souffres, tu m’appartiens », disait Pasteur.
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire àLa Valfine, Jura