Des Oratoriens méditent la Bible – Michel Quesnel (15.10.2015)
Première lecture du jeudi 15 octobre 2015
Première lecture du jeudi 15 octobre 2015
« Mais maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, àl’adresse de tous ceux qui croient – car il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu – et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus ; Dieu l’a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi. Il voulait montrer sa justice, du fait qu’il avait passé condamnation sur les péchés commis jadis au temps de la patience de Dieu ; il voulait montrer sa justice au temps présent, afin d’être juste et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus.
Où donc est le droit de se glorifier ? Il est exclu. Par quel genre de loi? Celle des œuvres ? Non, par une loi de foi. Car nous estimons que l’homme est justifié par la foi sans la pratique de la Loi. Ou alors Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non point des nations ? Certes, également des nations ; puisqu’il y a un seul Dieu, qui justifie les circoncis au moyen de la foi comme les incirconcis par le moyen de cette foi. Alors, par la foi nous privons la Loi de sa valeur ? Certes non ! Nous la lui conférons. » (Epître aux Romains 3, 21-30)
Ce texte très dense de saint Paul peut nous faire peur par les mots compliqués qu’il emploie : rédemption, propitiation, justification… C’est pourtant un des passages clefs de la pensée de l’Apôtre, qu’il vaut la peine de creuser. Le « maintenant » par lequel il s’ouvre désigne le temps qui se déroule depuis que Jésus mourut et ressuscita. Il s’oppose àce qui existait avant, un temps que Paul appelle le « temps de la patience de Dieu » : Dieu ne s’y était encore révélé que par la Bible juive, appelée « la Loi et les Prophètes ». De nombreux savants juifs du temps de Paul estimaient que cette Bible était essentiellement un recueil de commandements àobserver, et que le faire rendait l’homme juste. Devenu disciple du Christ, Paul abandonna cette perspective. Ce n’est pas parce qu’il avait pratiqué les commandements que Jésus ressuscita, c’est parce qu’il fit àson Père et àses frères humains le don de lui-même jusqu’àla Croix, animé par la foi que c’était la seule voie de salut. C’est donc par la foi que l’on est sauvé, et non par la pratique des commandements de la Loi juive ou de toute autre loi.
Déjàla Loi et les Prophètes disaient cela, par exemple àpropos d’Abraham, mais on n’en tenait pas suffisamment compte. Et cela concerne tous les croyants, pas seulement les Juifs. L’appartenance àun groupe ou àune Eglise est secondaire, l’observance de commandements est secondaire. L’élan de l’amour tel que Jésus l’a vécu est la voie la meilleure. Et il est possible pour tous.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon