Les traducteurs grecs de la Bible hébraïque ne s’y sont pas trompés. Au lieu de traduire le premier verset de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », ils écrivirent : « Au commencement, Dieu fit le ciel et la terre. » Et « faire », en grec, cela se dit poiein, qui a donné le français « poésie ». Un poète, ce n’est pas d’abord un rêveur perdu dans des pensées vagues et éloignées du réel, c’est quelqu’un qui fait ; ou, pour être plus précis, quelqu’un qui fait exister. Dieu fait exister la création. Sans lui, elle n’existerait pas. S’il n’était pas en permanence en train de la faire exister, ce serait le néant. Oui, Dieu est poète.
Voulons-nous nous en convaincre ? Regardons le ciel. Prenons conscience de ce qu’est l’univers, immense, infini, plein de vide et de milliards d’étoiles analogues ànotre soleil, chacune entourée d’une ronde de planètes. Ces étoiles s’éloignent àgrande vitesse les unes des autres et font entendre une longue note musicale que le grand astrophysicien Trinh Xuan Thuan a appelé La mélodie secrète, et qui est sans doute un écho du bigbang initial, il y a plus de treize milliards d’années.
Regardons la terre, splendide, diverse, inattendue, peuplée de paysages grandioses et d’être vivants tous plus étonnants les uns que les autres. Il y en a quelques-uns que nous voyons, et des milliers d’espèces que nous ne voyons pas. Chaque décennie nous en fait découvrir de nouvelles, souvent blotties àgrande profondeur dans les océans, qui vivent et meurent comme nous, même si elles ne nous ressemblent que très peu.
P. Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire,
recteur de Saint-Bonaventure et chapelain de l’Hôtel-Dieu