Le poète est souvent représenté comme un porte-parole du monde avec lequel il partage ses émotions, ses joies, ses doutes. Face au monde actuel, quelle position adopter ?  Le poète doit-il être en harmonie ou en confrontation avec l’environnement ?
Le poète est, bien sûr, « avec » le monde de ses contemporains dont il partage les émotions, les joies, les doutes, parfois les deuils (comme récemment). Mais il n’est pas sur la place publique ; il entre plutôt en sympathie avec la part secrète et quotidienne de ce monde ; c’est àl’occasion d’une rencontre, d’une sensation, d’une découverte particulière que le poète exprimera son harmonie ou son désaccord avec lui.
Vous êtes un écrivain croyant. Est-ce que votre foi influence votre façon d’écrire ou est-ce peut-être le contraire ?
Oui, je suis un écrivain croyant et c’est ma foi dans le Fils de Dieu fait homme qui me rend plus attentif ànotre monde, aux visages et aux paysages au milieu desquels il a voulu vivre. Si ce monde est devenu àun moment pour moi la « chair » du poème, c’est parce que le Verbe a assumé cette chair, comme les mots du poème tentent de le faire àleur tour. Mais j’essaie dans mes poèmes de parler àtout homme, pas seulement aux croyants, et de parler de tout, et pas seulement de « thèmes religieux ».
Quelle place tient la poésie dans votre vie ? Est-elle un loisir indispensable, une façon de vivre ou  une façon d’être ?
La poésie dans ma vie n’est pas un loisir. Les poèmes sont la trace de moments d’ouverture où mon chemin s’est éclairé, souvent quand je me croyais perdu : ce sont les cailloux du Petit Poucet, qui peuvent servir àd’autres…