Au cours de l’été, alors que je quittais une charge pour vivre un autre ministère, j’ai été comme frappé de mélancolie en pensant àla situation de l’Église catholique en France. Non seulement le nombre de ses cadres, prêtres ou laïcs en mission ecclésiale, fondent comme les icebergs de la banquise, mais le nombre de baptisés actifs diminue, àtel point que nous pouvons àjuste titre nous demander quel visage aura notre église dans les dix ans. De plus, depuis le début du 21ème siècle, il y a comme un désenchantement des promesses du concile Vatican II au regard de la parole de certaines personnes occupant l’espace médiatique.
Ces trois auteurs nous invitent àsortir d’une vision de la foi figée dans son répertoire d’expression, d’un conservatisme patrimonial qui n’est plus en situation d’accueillir l’inédit de la vie.
Fatigué d’entendre ces catholiques prendre depuis plusieurs années une posture de surplomb moralisatrice sur des questions de société, au détriment d’une attitude d’écoute et de dialogue intégrant la complexité et la pluralité des expériences humaines, j’ai été revigoré par la lecture d’un petit ouvrage « Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien », écrit par trois jeunes prenant au sérieux leur responsabilité baptismale dans le monde de ce temps.
Un livre simple, bien structuré en trois chapitres, assimilant les mutations et défis qui sont les nôtres. Parce que nous avons quitté le monde de la chrétienté, que nous sommes dans un univers pluraliste, qui n’interprète pas l’énigme de la condition humaine au travers du seul prisme chrétien, il devient urgent pour les chrétiens de trouver le langage adéquat, capable de rendre compte de l’expérience de foi qui est la leur, donnant àdécouvrir ce dialogue de Dieu avec notre humanité.
La troisième et dernière partie ouvre le champ des engagements : A la lumière de l’encyclique Laudato Si’, ces jeunes nous invitent àarticuler résolument les questions de justice sociale et celles de l’écologie, car elles sont en interdépendance.
Ces trois auteurs nous invitent àsortir d’une vision de la foi figée dans son répertoire d’expression, d’un conservatisme patrimonial qui n’est plus en situation d’accueillir l’inédit de la vie. Leur conviction est celle-ci : comme chrétiens nous sommes plus que jamais attendus par nos contemporains, non pas sur le terrain apologétique mais sur celui du dialogue. Ce qui suppose que nous acceptions de nous risquer sur ce terrain, sans en avoir la maîtrise, ni en connaitre l’issue. La foi n’est pas un objet àposséder, mais un risque àprendre qui nous engage comme des sujets dialoguant.
Parlant d’un « christianisme de l’inachèvement », ces auteurs prennent au sérieux le mystère de l’incarnation, àsavoir que si Dieu est venu habiter notre humanité, il nous faut apprendre davantage àle reconnaitre au cœur de l’expérience humaine, par la médiation des Écritures et cela dans une tentative d’interprétation sans cesse renouvelée.
La troisième et dernière partie ouvre le champ des engagements : A la lumière de l’encyclique Laudato Si’, ces jeunes nous invitent àarticuler résolument les questions de justice sociale et celles de l’écologie, car elles sont en interdépendance. Il nous faut sortir d’une morale crispée sur les questions de sexe, pour nous engager sur ces défis collectifs où se joue l’avenir de notre terre et de notre humanité. Devenir des « terriens capables d’hospitalité » tel est le défi : rendre – selon le projet du Créateur – notre terre habitable… Prenant acte que nous sommes dans un monde entrelacé d’écosystèmes, au regard des Ecritures et de notre foi en ce Dieu trinitaire qui nous laisse entrevoir cette intelligence de l’interaction, les chrétiens sont particulièrement armés, pour vivre ces défis de notre siècle.
Je vous invite àlire et àfaire lire ce livre écrit par Pierre-Louis Choquet, Anne Guillard et Jean-Victor Elie; un “manifeste†qui mérite qu’on en parle afin qu’il nous fasse parler.
Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire, vicaire àSaint-Eustache