Des Oratoriens méditent la Bible – Michel Quesnel (19.01.2016)
Evangile selon St-Marc (Marc 3, 23-28)
Evangile selon St-Marc (Marc 3, 23-28)
Evangile du mardi 19 janvier 2016
Et il advint qu’un jour de sabbat Jésus passait àtravers les moissons et ses disciples se mirent àse frayer un chemin en arrachant les épis. Et les Pharisiens lui disaient : « Vois ! Pourquoi font-ils le jour du sabbat ce qui n’est pas permis ? » Il leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui et ses compagnons, comment il entra dans la demeure de Dieu, au temps du grand prêtre Abiathar, et mangea des pains d’oblation qu’il n’est permis de manger qu’aux prêtres, et en donna aussi àses compagnons ? » Et il leur disait : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat ; en sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat. »
Quelle est la loi qui commande les repas àprendre ou àne pas prendre ? D’après Jésus, il n’y en a qu’une : la loi de la faim. On peut légitimement manger quand on a faim, oui. La faim commande. Si des épis ou des fruits sont là, àportée de main, et qu’on a besoin de se nourrir, rien ne peut empêcher de les cueillir.
La logique des commandements peut avoir des effets pervers. Les pharisiens du temps de Jésus avaient transformé le commandement du repos sabbatique en un véritable carcan. Cueillir quelques épis était assimilé àune moisson organisée, c’était proprement ridicule. Qu’un paysan n’organise pas la moisson de ses champs un jour de sabbat, c’était légitime. L’homme a besoin de repos pour lui-même et pour ses bêtes, et il a besoin de consacrer du temps àDieu. Mais entre une moisson organisée et la cueillette de quelques épis, il y a de la marge. Et Jésus, bon connaisseur de l’Ecriture juive, donne àses interlocuteurs l’exemple de David qui, pris par la faim alors qu’il était en campagne, consomma de la nourriture réservée aux prêtres, alors qu’il ne l’était pas.
« Touche les cÅ“urs de ceux qui cherchent seulement des profits aux dépens de la terre et des pauvres. «
Aucune loi ne doit empêcher les êtres vivants de se nourrir. Cela mérite réflexion pour les citoyens du monde que nous sommes, un monde où les lois économiques et financières ont pour conséquence qu’une partie considérable de l’humanité ne mange pas àsa faim.
Faisons nôtre la prière que le pape François adresse àDieu, àla fin de l’encyclique Laudato Si’: « ÆDieu des pauvres, aide-nous àsecourir les abandonnés et les oubliés de cette terre qui valent tant àtes yeux… Touche les cœurs de ceux qui cherchent seulement des profits aux dépens de la terre et des pauvres. »
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon