Au chapitre 20 de l’Évangile de Jean, quand, près du tombeau, Jésus apparaît àMarie-Madeleine le dimanche de Pâques, celle-ci le prend d’abord pour un jardinier. C’est donc par un malentendu que débute la première rencontre du Christ ressuscité ! Le quiproquo ne sera dissipé que lorsque Jésus prononcera le mot « Marie » et que celle-ci, reconnaissant alors son maître, répondra « Rabbouni ! ».
Ainsi, il aura fallu attendre que la situation se « personnalise », que Marie-Madeleine entende son prénom, mot qui la désigne comme une personne unique, pour que la rencontre puisse enfin avoir lieu.
Les malentendus entre Dieu et son peuple, entre Jésus et ses contemporains, sont nombreux dans les Écritures. Mais la rencontre finit toujours par se produire et la reconnaissance de l’autre par l’emporter, jusque dans la réconciliation ultime. La Bible tout entière est tissée de récits de rencontres et de mises en relation ; ils en constituent même le cœur.
Il suffit pourtant de regarder autour de soi pour constater que le chacun pour soi, les idées toutes faites sur autrui, le refus de rencontrer véritablement l’autre, s’accentuent dans notre société. La peur, le mépris et la méfiance semblent l’emporter sur la curiosité et l’ouverture.
C’est face àce constat que l’association Coexister voit le jour en 2009. Son objectif est de favoriser la rencontre entre jeunes de toutes origines et confessions, y compris agnostiques et athées. Coexister, dont les initiatives ont été saluées récemment par la Conférence des Évêques de France, semble répondre àun réel besoin, puisque l’association compte aujourd’hui plus de 2000 jeunes adhérents en France !
Dans son désir de faire vivre la fraternité, Saint-Eustache, par le biais de son équipe pastorale, a voulu inviter dimanche dernier, 30 avril, une poignée d’adhérents de cette association pour leur présenter l’église et la paroisse. Accueillir dans notre maison des personnes d’autres croyances et d’autres confessions pour un après-midi de partage et d’échanges, voilàun beau moyen de faire des rencontres. Notre assemblée, déjàriche en elle-même, fidèle àla vocation de Saint-Eustache de s’inscrire dans la cité, s’ouvre ainsi àla diversité qui l’entoure.
Favoriser les rencontres, c’est découvrir de ce qu’il y a d’unique dans chacun de nos semblables, quelles que soient leur confession et leur origine ; c’est apprendre ànous appeler les uns les autres par nos prénoms, au-delàdes apparences et des malentendus.
Jonas Rosales, membre de l’équipe pastorale de Saint-Eustache