Lettre àMesdames, Messieurs, les candidats àla Présidence de la République
Précarité et pauvreté rongent le tissu social. Est-ce par résignation, indifférence que le silence gagne du terrain au point que vos programmes politiques soient si peu précis sur le logement, alors qu’il est le premier marqueur des ruptures sociétales.
Il est injuste de dire que rien n’est fait, mais il est juste de s’interroger sur cette montée endémique des inégalités, entraînant l’isolement des plus démunis et ces rejets, signes de souffrance.
Acceptez-vous de nous partager vos diagnostics suivis des traitements que vous entendez mettre en oeuvre pour guérir ce corps social enfiévré. La première urgence est celle de gestes d’hospitalité àl’égard de ceux qui vivent dans la rue et/ou dans des conditions déshumanisantes.
La politique ne se réduit pas àdes actes de gestion, elle est une vision dynamique et enthousiaste àl’adresse des concitoyens pour faire se lever, au sein de la Nation, des énergies et des synergies créatrices d’espoir. Les réponses sont toujours àla hauteur de la confiance.
Voulez-vous prendre l’engagement de défendre les plus vulnérables pour faire de l’habitat une des grandes causes nationales. Trois urgences :
 Réconcilier la Nation avec ses Cités.
Les ‘machines àloger’, affichant lèpre et détresse, sont àdétruire. Le chantier àouvrir doit s’articuler autour de trois exigences : les équipements et services publics de qualité ; une attention forte portée àla culture et àl’enseignement adapté. Il n’est pas tolérable
de consentir àce que les enfants de quartiers déshérités soient ‘punis’ par une discrimination brisant leur avenir ; enfin un habitat ‘désirable’, suivant l’expression du Président de l’USH, Jean-Louis Dumont.
 Introduire une politique de l’aménagement du territoire.
600 000 candidats espèrent un logement décent en Île de France. 60 000 personnes rejoignent chaque année ce territoire alors que les villes, petites et moyennes, affichent des milliers de logements vacants.
La raison de cet exode serait l’accès au travail, mais les demandeurs d’emploi – plus de 5 millions – le trouvent-ils davantage dans les grandes agglomérations ? Le territoire ne peut rester étranger àla révolution du numérique, appelée àtransformer la vie professionnelle et l’accès àl’habitat.
ï‚· Veiller au prendre-soin des personnes.
Le ‘reste pour vivre’ est pour trop de nos concitoyens une survie, d’où une approche des solidarités, comprise non en termes de coûts mais d’investissements.
Les surloyers de solidarité (SLS) – retenus en deuxième lecture comme une option par la loi ALLUR –s’imposeront aux fins d’atténuer les loyers et charges des plus démunis, suivant la requête présentée conjointement par ATD Quart-Monde et HH.
Les charges, sauf dans les foyers-logements, n’étant pas prises en compte dans le calcul de l’APL, l’habitat social est àréhabiliter en priorité pour réduire les frais de chauffage, impactant d’autant le reste pour vivre.
Nulle attaque dans ces propos, observant l’engagement de bien des acteurs publics et privés àrefuser l’inacceptable. Vous qui vous présentez àla magistrature suprême, entendez cet appel pour la mise en oeuvre d’un urbanisme et d’une politique sociale de l’habitat honorant les valeurs de notre société.
N’ayez pas peur de demander un effort, la Nation sera fière de le vivre, une chance pour se rassembler.
Bernard Devert, Fondateur d’Habitat et Humanisme, mars 2017