Homélie du 2ème dimanche de Pâques, 19 avril 2020
M. Patrice Cavelier, diacre du diocèse de Paris àl’église Saint-Eustache
M. Patrice Cavelier, diacre du diocèse de Paris àl’église Saint-Eustache
Psaume 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24
R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
ou : Alléluia ! (Ps 117, 1)
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ;
mais le Seigneur m’a défendu.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Clameurs de joie et de victoire
sous les tentes des justes.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle ;
c’est làl’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
« Il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce àla résurrection de Jésus Christ d’entre les morts »
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre 1, 3-9
Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ :
dans sa grande miséricorde,
il nous a fait renaître pour une vivante espérance
grâce àla résurrection de Jésus Christ d’entre les morts,
pour un héritage qui ne connaîtra
ni corruption, ni souillure, ni flétrissure.
Cet héritage vous est réservé dans les cieux,
àvous que la puissance de Dieu garde par la foi,
pour un salut prêt àse révéler dans les derniers temps.
Aussi vous exultez de joie,
même s’il faut que vous soyez affligés,
pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ;
elles vérifieront la valeur de votre foi
qui a bien plus de prix que l’or
– cet or voué àdisparaître
et pourtant vérifié par le feu –,
afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur
quand se révélera Jésus Christ.
Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ;
en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi,
vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire,
car vous allez obtenir le salut des âmes
qui est l’aboutissement de votre foi.
Comme l’évangile de ce dimanche peut résonner étrangement ànos oreilles. Entendre Jésus nous dire qu’il nous envoie dans le monde, alors que nous ne pouvons, pour la plupart d’entre nous, même pas franchir le pas de notre porte, si ce n’est que de manière exceptionnelle et dérogatoire comme le dit l’administration.
Comme il a été étrange et blessant de célébrer cette année la résurrection du Seigneur, pratiquement seuls, pour la plupart d’entre nous, sans rassemblement de l’assemblée, sans la réception des sacrements.
Comme il est encore étrange de vivre dans l’octave pascal, temps de la joie qui surabonde, et qui cette année est terni par tant de souffrances, de malades, de personnes éprouvées autour de nous.
Nous pourrions presque nous comparer aux disciples, après la mort de Jésus, barricadés, àl’abri de l’ennemi, recroquevillés, abattus et craintifs.
Pourtant, Pâques est bien passé. Pâques a bien été célébré pour nous redire que le Seigneur est passé par la mort, est ressuscité et par sa résurrection des morts nous irradie d’une grâce surabondante.
Comment passer de la tristesse de notre vie actuelle àla joie incarnée de la résurrection ? Comment ne pas céder àla peur, au repli, mais faire preuve d’audace, l’audace du témoignage de notre foi ?
C’est en accueillant cette grâce, ce don gratuit de Jésus, qu’il nous faut réclamer avec force, c’est par sa grâce justement que nous sommes libérés de l’esclavage de nos peurs, de nos angoisses. Il nous faut bien écouter et entendre ces mots de Jésus àses disciples : « La paix soit avec vous ! et « Recevez l’Esprit Saint ». C’est dans ces mots qu’il nous faut puiser la force de rester actifs, présents ànos proches, àceux qui sont plus démunis ou blessés que nous. C’est dans ces mots et par ces mots que nous sommes faits témoins, disciples et missionnaires.
La grâce de la résurrection vient faire tomber les barrières psychologiques que nous érigeons pour nous protéger et qui nous éloignent des autres. La grâce de la résurrection vient nous libérer de l’enfermement dans lequel nous sommes pour nous projeter, certes pas bien loin, mais dans la rencontre de ceux qui sont dans les cercles de nos vies. C’est làque le Seigneur nous envoie, tout près de nous, pour témoigner de cette joie transformante de la résurrection dans nos vies cabossées.
Oui Jésus nous envoie en mission encore aujourd’hui. Il vient nous libérer de toutes les angoisses qui nous obsèdent. Il vient redonner courage et tonus pour que se réalisent dans nos vies ordinaires des merveilles.  Avec le psalmiste, en vérité nous pouvons chanter : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. » (Ps 117).