Bonjour àvous tous, et bienvenue dans cette chapelle où beaucoup d’entre nous, comme moi sans doute, ont pu mesurer, il y a plus ou moins longtemps et plus ou moins profondément, selon leur propre chemin de foi, l’inspiration chrétienne de l’éducation àSaint Martin de France. Moi même, après y avoir passé six belles années aussitôt après la guerre, de 1946 à1952, j’ai célébré ici une de mes premières messes. Et il m’arrive encore régulièrement de dire la prière venue du Père Chrétien et du Père Duprey : « Seigneur Jésus apprenez-moi àvous aimer comme vous le méritez… et àverser dans le monde plus de joie, de douceur et de beauté. » Les plus ancien compléteront aisément.
Mais c’est extra muros que j’ai connu et apprécié le Père Dujardin. Au cÅ“ur même de l’Oratoire, au séminaire de Montsoult, làoù se forgeait en nous cet esprit oratorien si caractéristique d’ouverture, de liberté et de responsabilité. IL y avait été lui-même plus ou moins initié lors de ses études au collège de Saint-Lô, comme moi-même àSaint-Martin. Nous étions alors dans les années 50 et c’est ensemble qu’après de longues années de formation théologique et spirituelle nous avons été ordonnés avec trois autres oratoriens, àSaint Eustache le 24 juin 1962, quelques mois seulement avant l’ouverture du concile Vatican II par le bon et saint pape Jean XIII.
En commun nous étions àla fois prêtre du Concile et Oratoriens, et pourtant Jean Dujardin et moi nous étions bien différents, lui aussi normand que moi Cht’i, et nos ministères le furent tout aussitôt : lui dans l’enseignement d’abord, dans les responsabilités de direction ensuite, moi dans la vie paroissiale jusqu’àtout récemment.
Quand en 1984 il fut choisi comme Supérieur Général nous avons été amenés àtravailler ensemble pendant dix ans, au Conseil de la Congrégation. Et j’ai pu alors mesurer de très près la rigueur de sa pensée en même temps que sa culture, et son ouverture d’esprit, et aussi dans un souci qui était le sien de la vérité et de la parole juste, notamment dans son engagement, presque passionnel, au service du dialogue judéo-chrétien auquel il a consacré une bonne partie de sa vie àla suite du Père Dabosville. Et cela jusqu’àla dernière minute, puisqu’il espérait encore participer au Train de la Mémoire cette année.
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