« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi » (Lc 7, 11-17)
Méditation du Père Paul Carpentier
17 septembre 2019
Méditation du Père Paul Carpentier
17 septembre 2019
En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui. Quand il fut près de la porte de la ville, voilàqu’on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve ; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville. En la voyant, le Seigneur eut pitié d’elle et lui dit : « Ne pleure pas. », s’approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Et il dit : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Et le mort se dressa sur son séant et se mit àparler. Et il le remit àsa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. » Et ce propos se répandit àson sujet dans la Judée entière et tout le pays d’alentour.
Combien en ai-je accompagné au cimetière de ces parents douloureusement atteints par la mort de leur enfant ! Je me souviens en particulier de ce tout-petit, àpeine né et déjàparti, dont le papa portait lui-même le petit cercueil blanc et qu’un stupide règlement de l’Eglise àl’époque, envoyait aux Limbes pour l’éternité, puisque ses parents, pourtant pratiquants, n’avaient pas eu le temps de le faire baptiser ! Et cet autre petit qui portait le même nom que moi et que j’avais baptisé quelques mois plus tôt, en lui promettant même longue et belle vie… Et cet adolescent encore, qui s’était tué en mobylette, le seul non-baptisé de sa famille, dont j’aurais dû laisser le cercueil àla porte de l’église pendant que tous pleuraient et priaient àl’intérieur… si j’avais demandé la permission àMgr l’évêque !
La douleur des parents, de la maman surtout, est immense lorsque la vie qu’ils ont transmise vient brutalement de s’arrêter, quel que soit l’âge de l’enfant, les circonstances du drame et ses conséquences parfois difficiles. Comment alors ne pas tenter de leur apporter un peu de consolation et d’espérance ? Jésus n’y déroge pas, mais il va plus loin encore.
Quarante ans après les événements, avec les mots mêmes de la résurrection, Saint Luc se souvient qu’au plus près de la rencontre humaine, un simple geste (toucher le cercueil) et deux paroles lui suffisent, àlui, le Seigneur, pour exprimer la force de l’Amour de Dieu qui en lui, partage la souffrance des humains (Ne pleure pas) et renouvelle la Vie (Jeune homme, lève-toi). Le fil des liens humains et divins était rompu, le voilàrétabli (le mort se mit àparler et il est rendu àsa mère).
Parents ou non, il est rare que nous soyons épargnés par les drames de la vie. Mais dans la communion au Christ crucifié et ressuscité, nous nous croyons déjàarrachés àla détresse et àla mort, et relevés pour la communion fraternelle. En toutes circonstances nous sommes confiés les uns aux autres et nous pouvons ànotre tour rendre gloire àDieu.
Paul Carpentier, prêtre de l’Oratoire àParis