Après avoir compté une quarantaine de moines dans les années 1990, l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Belloc dans les Pyrénées-Atlantiques n’en compte plus aujourd’hui qu’une dizaine. Ainsi, la communauté a décidé de rejoindre le site des moniales de Sainte-Scholastique, sur la même colline d’Urt, et de céder les bâtiments de l’abbaye àHabitat et Humanisme afin de lui trouver une nouvelle vie.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire, s’occupe depuis le 1er septembre de la coordination des projets culturels et spirituels dans le cadre du projet de reconversion de l’abbaye
Comment est né ce projet de reconversion ? : àl’origine, Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme, a été contacté par les deux communautés de Belloc et d’Urt qui cherchaient àconfier les murs de l’abbaye pour une nouvelle vocation. Bernard Devert a de suite eu l’intuition de faire de Belloc un lieu de ressourcement, où soignants et aidants pourront prendre soin d’eux. Le projet est complexe et multiple, il comporte quatre volets différents, du logement social, de l’hébergement, de la formation aux activités traditionnelles de l’abbaye et un volet culturel.
A qui sont destinés les logements sociaux ? : cette partie du projet et du bâti sera destinée aux soignants du Centre hospitalier de la Côte basque et de la clinique Belharra, grosse clinique bayonnaise. Car la pression immobilière a tellement augmenté ces dernières années dans la région de Bayonne, que les infirmiers(ères) ou aide-soignants(tes) qui arrivent dans le Pays basque ont beaucoup de mal àse loger. Contrairement àde nombreuses régions, celui-ci n’a aucun problème de recrutement, c’est un territoire attractif. Simplement, le coût des loyers devient un véritable problème pour le personnel soignant. Une convention signée entre Habitat et Humanisme et les deux établissements de santé permettra d’apporter une solution àcette situation.
Un diagnostic général du bâtiment est en cours. A terme, ce sont 30 à40 logements qui seront proposés. Le permis de construire sera déposé avant le mois de juin et les travaux de réhabilitation dureront ensuite entre 1 et 2 ans.
Qu’en est-il des séjours d’hébergement ? : une autre partie du bâti servira àproposer des séjours de répit àdes soignants et des aidants. C’est notamment dans ce cadre que la notion de soin prendra tout son sens car ces séjours s’accompagneront de propositions de soins ou d’activités touchant autant l’esprit que le corps, assurés par exemple par l’institut de médecine intégrative et complémentaire du CHU de Bordeaux, qui propose aujourd’hui des consultations d’hypnose et des programmes de méditation de pleine conscience àses patients et àson personnel hospitalier. Elle proposera un certain nombre d’activités pluridisciplinaires centrées sur l’humain, comme par exemple des marches méditatives, l’idée étant que la personne soit considérée dans sa globalité pour un soulagement tant physique que psychique.
L’abbaye conservera-t-elle en partie ses activités historiques ? Oui, c’est le troisième volet du projet. La fromagerie, la sylviculture et la permaculture, qui a un bel avenir devant elle, accueilleront des stagiaires en insertion sociale pour des formations.
Enfin, toutes ces activités seront forcément accompagnées d’un volet culturel, en lien notamment avec la culture et la langue basques.
« Les Bénédictins nous ont appelés pour que l’abbaye de Belloc soit la maison commune. Nous ne trouvons pas seulement àBelloc un berceau mais la source jaillissante d’une culture singulière ouvrant l’universalité. L’acte de construire est pour [Habitat et Humanisme] un acte de soins. Nous bâtissons des liens et veillons àdonner l’égalité des chances. »
Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme