A l’initiative du Père Denis Perrot, un soir de l’hiver 1984, un petit groupe de bénévoles se réunissait et distribuait 13 soupes. Aurait-on pu imaginer que cette initiative perdurerait et soit, 35 ans après, toujours d’actualité ? Ce ne sont plus 13 repas mais près de 32 000. Ce n’est plus une poignée d’hommes mais près de 400 bénévoles qui pendant 16 semaines occupent le parvis de Saint-Eustache.
Derrière ces grilles des équipes œuvrent toute la journée. La généreuse odeur qui flotte dans l’air dès le milieu de l’après-midi annonce àtous ceux qui le veulent, que ce soir comme tous les soirs du 1er décembre au 31 mars, ils trouveront, ici, un repas chaud préparé et servi par les bénévoles.
La Soupe c’est bien sûr un repas, mais aussi un temps d’échanges et de partage entre des femmes et des hommes, de toutes confessions, de différentes cultures et de tous les âges. La Soupe c’est aussi une organisation qui se doit au quotidien d’être extrêmement ordonnée et vigilante : l’anticipation de l’approvisionnement, le stockage, la bonne conservation des marchandises et le lien avec nos fournisseurs. C’est aussi savoir compter au plus juste le nombre de repas àservir tous les soirs et une fois le rideau tombé le rangement et la remise en place pour le lendemain.
Il y a du plaisir àpartager, il y a de la joie àoffrir et àrecevoir. Cela peut sembler surprenant de parler de joie lorsque l’on s’adresse aux plus démunis, pourtant les joies sont nombreuses. Appeler quelqu’un par son prénom, être reconnu, se dire bonjour, tendre la main, sont autant de signes qui apportent àtous force et courage. Lorsqu’un invité arrive triste et abattu, un bénévole peut trouver le mot, le geste pour le réconforter. La joie c’est aussi celle des bénévoles qui apprennent àse connaître, àpartager les tâches, àdonner du temps. Tout ceci montre combien la force du temps offert, du don de soi, dans une société individualiste et virtuelle, reste une des valeurs humaines fondamentales.
La Journée de La Soupe, au cours de laquelle, paroissiens, invités et bénévoles partagent le même repas, participent aussi de cette joie dans une atmosphère de chaleureuse communion. Tous les soirs, ce  rendez-vous quotidien au cœur du quartier des Halles fait sens. Il appelle chacun àdonner le meilleur de lui même. La Soupe est de Saint-Eustache, elle incarne àson niveau le message du Pape François dans une volonté constante de positiver le message de l’Église, d’incarner une doctrine catholique qui accueille plus qu’elle ne condamne « en étant attentif àce qui arrive, au ressenti des personnes, spécialement des plus démunies ».
Jean-Claude SCOUPE, président de La Soupe Saint-Eustache.