« Laissez les enfants venir àmoi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est àceux qui leur ressemblent » (Mc 10, 14). En tant que catéchistes, il nous a fallu évoquer le temps du Carême, dans lequel nous sommes entrés, avec les enfants que nous accompagnons sur le chemin de la découverte du Christ. Il se trouve que nous l’avons articulé  et je crois bien que ce fut une grâce qui ne venait pas de nous  au rappel du royaume et aux images que Jésus emploie pour le présenter. Bien sûr, les bambins ont associé ce temps àla privation, àla difficulté, au silence.
Mais, dans nos entretiens avec eux, nous sommes parvenus àle rattacher aussi àla conversion, vécue comme une marque de confiance en Dieu, en Son amour qui nous Le révèle et qui nous révèle ànous-mêmes et aux autres. Finalement, ces privations de bonbons redoutées par les enfants furent envisagées comme une occasion ultérieure d’un plus grand partage : comme ils auraient pris soin de leurs bonbons, ils en auraient plus àdonner àd’autres, affirmèrent les plus généreux d’entre eux. Et voilàque s’opérait dans l’esprit de ces petits la démultiplication des bonbons ! Trop souvent peut-être nous pouvons vivre le Carême sous ses signes privatifs, qui sont ceux auxquels nous pensons en premier.
Après une séance consacrée au désert avec les enfants, j’envisagerai le Carême autrement, je vivrai un Carême renouvelé grâce àl’Esprit et àeux. Il ne s’agira pas seulement d’un temps de repli, mais aussi d’un temps de dialogue, y compris avec les parts d’ombre qui nous habitent ou que les autres nous renvoient  le Christ n’a-t-il pas dialogué avec Satan dans le désert ? Il ne s’agira pas seulement d’un temps de privations mais de partages  le Christ ne fut-il pas servi par des anges après avoir été tenté ? Il sera donc pleinement vécu àla lumière de Pâques, de la Résurrection qui suit le séjour dans le négatif que nous ne nions point ; il sera vécu comme le temps de préparation du royaume de Dieu qui chaque jour grandit en nos cœurs, nous remplit d’admiration et d’étonnement, si nous n’oublions pas de garder ouverts nos yeux d’enfants. Que ce Carême nous permette de laisser encore plus de place àla Parole de Dieu et d’entendre ces mots des tout petits dont je me fais l’écho ; que ce Carême revivifie, entre autres, nos capacités d’écoute, d’échange et d’émerveillement.
Jaime Avila-Martinez, catéchiste àSaint-Eustache