« Laissons-nous exhorter ànotre tour pour trouver et tenir notre rôle dans la croissance de l’Eglise ! »
Méditation biblique du P. Jérôme Prigent
Méditation biblique du P. Jérôme Prigent
Lecture du mardi 22 février 2022
Bien-aimés,
les anciens en fonction parmi vous, je les exhorte,
moi qui suis ancien comme eux
et témoin des souffrances du Christ,
communiant àla gloire qui va se révéler :
soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ;
veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré,
selon Dieu ;
non par cupidité mais par dévouement ;
non pas en commandant en maîtres àceux qui vous sont confiés,
mais en devenant les modèles du troupeau.
Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs,
vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas.
1ère épitre de Pierre 5, 1-4
De bons pasteurs qui connaissent et aiment leurs brebis, leurs ouailles ? Qui sentent l’odeur de la bergerie ? L’auteur de cette lettre de Pierre n’est peut-être pas l’apôtre lui-même mais il évolue dans un milieu littéraire et religieux marqué par la personnalité de l’ancien pêcheur de Galilée, frère d’André. C’est cet auteur qui évoque le Christ comme pierre angulaire de l’Église, les croyants comme sacerdoce royal, nation sainte. Et qui ici encourage les pasteurs des premières communautés chrétiennes au zèle pastoral le plus dévorant. Du pêcheur aux pasteurs en quelque sorte…
Voici qu’il exhorte ici les « anciens » de l’Ekklesia, c’est-à-dire de l’Eglise. Il le fait de tout son cœur, de tout ce feu sacré qui l’anime. Il les invite àêtre de bons bergers àl’image du seul Pasteur, du Chef des pasteurs. Son autorité et sa légitimité, il les tire de sa propre ancienneté àlui (« moi qui suis ancien comme eux ») : lui aussi est un « ancien » et donc un pasteur.
A-t-on mesuré que ce qui est traduit ici par « ancien », le mot presbyteros, a donné le mot prêtre en français ? On craint toujours de le traduire ainsi et pourtant nous avons làles toutes premières traces du ministère presbytéral ! On gagnerait aujourd’hui às’en souvenir et ày revenir. Il existait un collège d’Anciens dans l’ancien judaïsme, un sénat. La jeune Eglise reprend ce modèle : un corps de presbytres, d’anciens dans la foi, éprouvés et fiables, bons pères de famille, dotés d’une autorité naturelle confirmée par l’âge ou l’expérience. Le mot prêtre a ensuite été écarté car les langues modernes n’avaient plus que ce mot pour désigner les personnes revêtues du sacerdoce païen ou juif : or les premiers chrétiens rompaient avec cette sacralisation, cette séparation… Nous avons pourtant ici une spiritualité de la prêtrise, et la plus saine qui soit.
Alors que la figure du prêtre de la nouvelle Alliance est l’objet aujourd’hui d’une crise de signification, nous devrions écouter ce que nous dit l’auteur de cette épître : des pasteurs dévoués, et non des mercenaires ou des fonctionnaires, des personnes prenant modèle sur Pierre ou sur le Bon Pasteur lui-même. Laissons-nous exhorter ànotre tour pour trouver et tenir notre rôle dans la croissance de l’Eglise, dans le rassemblement de nos frères et sœurs, sous la mouvance de l’Esprit !
Jérôme Prigent, prêtre de l’Oratoire àParis
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Illustration : Mosaïque du Bon Pasteur, (425-450), mausolée de Galla Placidia àRavenne