Des Oratoriens méditent la Bible – Antoine Adam (09.02.2016)
Lecture du premier livre des Rois.
Lecture du premier livre des Rois.
En ces jours-là, lors de la consécration du Temple, Salomon se plaça devant l’autel du Seigneur, en face de toute l’assemblée d’Israël ; il étendit les mains vers le ciel et fit cette prière : « Seigneur, Dieu d’Israël, il n’y a pas de Dieu comme toi, ni là-haut dans les cieux, ni sur la terre ici-bas ; car tu gardes ton Alliance et ta fidélité envers tes serviteurs, quand ils marchent devant toi de tout leur cÅ“ur. Est-ce que, vraiment, Dieu habiterait sur la terre ? Les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent te contenir : encore moins cette Maison que j’ai bâtie ! Sois attentif àla prière et àla supplication de ton serviteur. Écoute, Seigneur mon Dieu, la prière et le cri qu’il lance aujourd’hui vers toi.  Que tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette Maison, sur ce lieu dont tu as dit : « C’est ici que sera mon nom.â€Â Écoute donc la prière que ton serviteur fera en ce lieu. Écoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël, lorsqu’ils prieront en ce lieu. Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne. »
(1R 8, 22-23.27-30)
« Est-ce que vraiment Dieu habiterait sur la terre ? » Salomon, ce roi qui a reçu le don de discernement et de sagesse, est conscient qu’en faisant bâtir un temple pour abriter l’arche contenant les tables de la loi, il ne saurait emprisonner le Dieu de l’alliance dans une construction humaine. Les hommes peuvent-ils emprisonner Dieu dans leurs constructions, qu’elles soient de pierres ou conceptuelles ? Il est remarquable qu’en écrivant ce récit, le ou les auteurs du livre des rois, pointent déjàl’ambivalence de tout système religieux qui se met en place avec ces rites, son langage, sa hiérarchie sacerdotale, son espace liturgique distinguant l’espace sacré et profane.
Si cette question de Salomon est posée, n’est-ce pas parce qu’elle court l’ensemble des Ecritures ? Le religieux fascine mais peut avoir un effet miroir sur les hommes qui le pratiquent. Si le Dieu de l’alliance est présent àla prière de son peuple lorsqu’il se rassemble dans l’humilité pour « sanctifier le Nom », il n’en reste pas moins vrai que dans cet espace, le risque est que des hommes, qui agissent au nom de Dieu de par leur fonction religieuse, deviennent arrogants et cèdent au vertige idolâtrique… Telle semble être la prise de conscience lucide du roi qui interpelle son Dieu : « Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne ».
Trop souvent, n’habillons-nous notre prière de trop de « religion » ? C’est-à-dire de pensées et de phrases lissées par du religieux formel, qui pense s’adresser àDieu, alors que nous nous regardons-nous même ? En cette année de la miséricorde, aide-nous Seigneur àentrer dans le sanctuaire intérieur de notre cœur et àte prier avec foi, avec un cœur de pauvre.
 Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon