Les maîtres spirituels de Philippe Neri
Saint Benoit, Saint Dominique et Saint Ignace
Trois figures de maîtres spirituels de Philippe Neri
Sans aucun doute, si àl’égard des traditions théologiques saint Philippe faisait cause commune avec saint Dominique, dans la cure des âmes ses vues étaient identiques àcelles de saint Ignace. Une insistance très forte sur la vie intérieure, une méfiance àl’égard des cérémonies extérieures très formalisées, une insistance sur l’obéissance plutôt que sur le sacrifice, sur la discipline mentale plutôt que sur le jeûne ou le cilice, une mortification de la raison, cette illumination et cette liberté de l’esprit qui sont les fruits de l’amour; qui plus est, une règle douce et affectueuse au confessionnal ; des confessions et des communions fréquentes, une dévotion spéciale au Saint Sacrement, ce sont làles caractéristiques d’une école particulière dans l’Église ; saint Ignace et saint Philippe y sont des maîtres. Depuis l’époque de saint Benoît, une ligne de démarcation avait existé entre le monde et l’Église, et il était très difficile de suivre le chemin de la sainteté sans entrer dans la vie religieuse. Saint Ignace et saint Philippe, au contraire, firent sortir l’Église dans le monde, et tentèrent d’amener sous son joug léger tous les hommes qu’ils pouvaient atteindre. L’un et l’autre, bien entendu, agirent sous la conduite de Dieu ; mais, puisqu’ils vécurent àla même époque et dans le même lieu, il est naturel de penser que, humainement parlant, l’un a dû recevoir sa tradition de l’autre ; et, comme saint Philippe est le plus jeune des deux, il est tout aussi naturel de penser que c’est lui qui la reçut de saint Ignace. Tout comme il apprit de saint Benoît ce qu’il devait être, et de saint Dominique ce qu’il devait faire, laissez-moi donc penser qu’il apprit de saint Ignace comment il devait le faire.