« L’heure inattendue »
Méditation de Martine De Groote
Méditation de Martine De Groote
Évangile du mardi
21 juin 2022
En ce temps-là,
Jésus disait àses disciples :
« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.
Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilàce que disent la Loi et les Prophètes.
Entrez par la porte étroite.
Elle est grande, la porte,
il est large, le chemin
qui conduit àla perdition ;
et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.
Mais elle est étroite, la porte,
il est resserré, le chemin
qui conduit àla vie ;
et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. »
Matthieu 7, 6. 12-14
« L’heure inattendue »
Entrez par la porte étroite (…) Mais ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent.
Comment comprendre cela, l’admettre ? Est-il possible que la porte ouverte par le Seigneur soit réservée àquelques-uns ? Qu’il y ait ceux qui sont capables et les autres, voués àla perdition.
C’est inacceptable.
Ces chemins si larges et faciles àparcourir, ce sont nos errances, nos doutes, nos certitudes qui nous paralysent en nous endormant. Ce sont les routes d’un monde qui cherche, pérégrine, se livre àcorps perdu dans les mensonges et l’obscurité de la haine.
Mais un jour, àl’heure inattendue, àla lumière inconnue, quelque chose change, quelqu’un se glisse. La porte, celle qu’on cherchait sans comprendre et sans savoir, elle est ouverte, elle est devant. Au-delàde toute gloire, de toute déception, de toute douleur, le chemin s’ouvre lentement et chacun peut connaître l’immensité de ce moment, où le souffle revient.
Etroite, cette porte, peut-être, mais jamais elle ne se referme. Tous, sans distinction, nous y sommes attendus, accueillis pas àpas.
Il me revient ici un poème d’Aragon, chanté par Léo Ferré : « Il n’aurait fallu… »
Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours, aux semaines
Sa réalité
A l’immense été
Des choses humaines (…)
Un tendre jardin
Dans l’herbe qui pousse
Et mon cœur défunt
Renaît au parfum
Qui fait l’ombre douce.
Voilàle mystère. Nous pouvons tous l’approcher et créer en s’y engouffrant une nouvelle heure.
Martine De Groote, paroissienne àSaint-Eustache
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Illustration : Lever de soleil sur un lac, William Turner, 1840, Tate Gallery de Londres