Dans la Passion il ne s’agit pas du choix que fait Jésus entre la vie et la mort, mais de l’affrontement en nous de la vie et de la mort. Ce que le Christ a fait de ce combat, comment l’a-t’il mené lui-même, pour lui-même et pour tous.
Proclamer, comme nous le faisons dans chacune de nos célébrations, que Jésus est vivant est abstrait. Proclamer qu’il a affronté la mort pour nous rendre vivants l’est encore plus. S’il est vivant avec nous où vit-il ? Comment ? Pas de réponse sinon : en moi, en nous. Cette réponse est possible pour chacun de nous, parce que nous sommes croyants, mais elle est inacceptable pour les autres. Cette réponse nous est possible dans un acte de foi qui nous permet de relire notre existence comme avec des rayons X qui révèlent l’invisible. Elle est inacceptable pour les autres sinon au mieux comme une illusion, au pire comme une supercherie, tant que nous ne traduisons pas ce « il vit en moi et moi en lui » par des signes tangibles dans notre manière de vivre. Tant que notre vie ne témoigne pas de cette vie en nous.
Ces signes ne sont pas de l’ordre de la morale, nous ne sommes pas plus vertueux que les autres parce que le Christ vit en nous. Ils ne sont pas de l’ordre de la perfection, nous ne sommes pas meilleurs que les autres parce que nous vivons dans le Christ. Ces signes sont d’ordre spirituels, c’est à dire qu’ils témoignent de ce qu’il y a de plus humain en nous, de ce qui fait que nous sommes humains. Ces signes, Jésus en avait fait la liste pour ses disciples : ce sont les Béatitudes (Mat 5, 3-11). Ce sont des paradoxes. J’en retiens deux pour cette année 2017 : Comment l’humilité devient-elle une force ? Comment dépassons-nous notre impuissance par plus de responsabilité ?
Jacques Mérienne, prêtre du diocèse de Paris, à l’église Saint-Eustache